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Ça commence à se voir

Conférence de presse du Conseil d'Etat genevois pour la présentation du budget 2026, ce jeudi 18 septembre 2025. KEYSTONE
Finances cantonales

Le projet de budget présenté vendredi par le Conseil d’Etat genevois est largement dans le rouge. Ce sont 409 millions de francs de déficit qui sont attendus. Une mauvaise nouvelle assurément, mais qui ne sort pas de nulle part. La fin des années fastes dans le domaine du négoce et de ses retombées fiscales était attendue. La hausse des charges contraintes telles qu’assurances sociales ou subsides également. Les difficultés à venir pouvaient donc largement être anticipées par le gouvernement. Au vu des déclarations de ces dernières années, on peine d’ailleurs à croire que cela n’a pas été le cas.

Mais, en lieu et place d’assurer les bases de l’édifice, l’exécutif à majorité de droite a préféré proposer au printemps 2024 une baisse d’impôts à la population et une révision de la fiscalité des immeubles. Résultat? Un manque à gagner estimé à 475 millions de francs pour 2026. Des millions qui auraient permis de proposer un budget dans les chiffres noirs et donc de ne pas avoir à économiser sur le dos de la fonction publique et des communes en premier lieu, comme cela est prévu. Pour la suite, le Conseil d’Etat promet un plan d’économies dont on ne connaît pas la teneur.

Une chose est sûre pourtant. Il n’y a pas de remise en question de la politique de baisse fiscale menée ces dernières décennies. Pour la grande argentière, la conseillère d’Etat Nathalie Fontanet, ce n’est pas un problème de recettes, mais un problème de charges. Et de réfuter le lien entre une baisse d’impôts qui a privé l’Etat de recettes, des coûts contraints en hausse et un déficit. Une aberration arithmétique. Quand cela l’arrange, la droite aime à comparer le budget de l’Etat au budget familial. Soit. La situation dans laquelle se retrouve le canton est celle d’une famille qui sait que ses charges vont augmenter ces prochaines années, mais décide tout de même de baisser son temps de travail.

Si l’on suit le Conseil d’Etat, il convient donc d’économiser. La droite parlementaire ne dit pas autre chose, avec le projet de lois corset qui contraindront le gouvernement à l’immobilisme et aboutiront à une dégradation des prestations faute de pouvoir suivre le rythme des besoins de la population. Si elles devaient être adoptées, celles et ceux qui ont le plus besoin des services publics, et qui pour beaucoup n’ont pas bénéficié de baisse d’impôt faute d’en payer, seront doublement punis.

Une fois les économies entérinées et des marges financières retrouvées, le cercle vicieux pourra recommencer. Les mêmes reviendront à la charge pour proposer de nouvelles baisses d’impôts, qui déboucheront sur des déficits, de nouvelles économies et restreindront encore une fois le périmètre du service public, au bénéfice du privé. Il s’agit donc de ne pas être dupes de ces grosses ficelles.

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