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Désastre humanitaire à Gaza

Rompant avec la neutralité, principe fondamental de leur champ d’activité professionnelle, plus 1400 psychanalystes du monde entier ont signé une lettre ouverte au sujet de la crise humanitaire à Gaza.
Une flash mob en hommage aux victimes de Gaza, à Naples, le 6 juillet 2025. KEYSTONE
Gaza

Nous, les psychanalystes soussigné·es, écrivons avec urgence et une profonde inquiétude au sujet de la crise humanitaire catastrophique qui se déroule à Gaza, ainsi que de la menace croissante d’une escalade régionale et mondiale.

Le bombardement incessant, le deuil profond, le siège étouffant, la famine, et la destruction systématique des infrastructures de santé ont créé une urgence multidimensionnelle à Gaza – à la fois physique et psychologique.

La privation délibérée de ressources essentielles – eau, nourriture, abri, soins de santé et éducation – inflige des souffrances particulièrement graves aux enfants et adolescents. Ces derniers subissent un traumatisme aigu à des étapes cruciales de leur développement physique, émotionnel et psychologique.

L’impact psychologique de ce traumatisme sera profond, étendu et durable. Ses répercussions se feront sentir au sein des familles, des communautés et à travers les générations, laissant des cicatrices durables sur la santé mentale collective de la population – non seulement parmi les Palestiniens, mais aussi parmi les Israéliens et tous ceux qui sont témoins de cette dévastation écrasante. La destruction environnementale – dégradation des sols, contamination de l’eau et perte d’habitats – compromet en outre les perspectives de guérison, de reconstruction, et de maintien de la vie dans toute sa diversité.

En tant que psychanalystes, nous sommes profondément conscients des effets durables de la violence prolongée et de la privation sur la psyché humaine. Nous ne pouvons – et ne devons – rester silencieux.

La dévastation alimentée par des cycles incessants de peur, de représailles et de désespoir favorise un état d’esprit paranoïde – une forme de fonctionnement psychique primitif dans les relations internes et externes – qui risque d’entraver l’émergence d’une génération saine, tolérante et résiliente pour les décennies à venir.

Un tel état mental toxique est en profond contraste avec les valeurs qui guident notre travail: l’éthique de l’écoute et du soin – envers soi-même et envers les autres; l’importance de reconnaître et de contenir les émotions sans céder à une agressivité destructrice; la capacité de reconnaître le conflit tout en restant engagé dans le dialogue; et un respect indéfectible de l’intégrité physique et psychique – aux niveaux individuel et collectif – essentiel pour favoriser la croissance mentale et renforcer le lien humain.

Nous condamnons sans équivoque tous les actes de violence visant les populations civiles – y compris les actes de terrorisme, de discrimination, de déplacement forcé, de famine, et toutes les formes de violences physiques et psychologiques – quel que soit l’endroit où ils se produisent ou leurs auteurs.

Nous rejoignons donc l’appel croissant des peuples du monde, des organisations de la société civile, et d’innombrables voix de conscience à travers le monde – y compris en Israël – en appelant à la mise en œuvre complète de la Résolution 2728 du Conseil de sécurité des Nations unies (mars 2024), qui exige un cessez-le-feu immédiat, un accès humanitaire sans entrave, la protection des civils, et la libération immédiate de tous les otages israéliens.

Nous appelons également tous les gouvernements et acteurs internationaux à tout mettre en œuvre pour prévenir une escalade meurtrière et créer les conditions d’une paix juste et durable entre les nations.

Nous nous tenons aux côtés de toutes celles et ceux – Palestinien·nes, juif·ves, Israélien·nes et personnes internationales – qui s’engagent pour la défense de la dignité humaine, des droits humains, de l’intégrité environnementale et des principes du droit international.

Suivent 1437 signatures (au 24 août).