C’est l’histoire d’un criminel de guerre qui porte la candidature d’un de ses complices au Prix Nobel de la paix. Ce n’est pas une mauvaise blague. Tandis que nombre de médias continuent à pérorer sur l’hypothétique contribution pour la paix de la rencontre à Washington entre Benjamin Netanyahou et Donald Trump, les deux hommes s’accordent en réalité depuis lundi sur les modalités du déplacement forcé d’une bonne partie des Gazaoui·es. Un nettoyage ethnique dans le langage du droit international. En parallèle, les négociations indirectes entre le Hamas et Israël à Doha ne semblent n’être que l’antichambre du meeting où les deux puissances s’arrangent sans les Palestinien·nes, et sur leur dos.
S’il y a de bonnes nouvelles en vue concernant la libération de dix otages israéliens, et la possible proclamation d’une trêve, on ne peut pas se leurrer sur ce qui est en train de se tramer. Alors qu’Israël continue à tuer chaque jour plusieurs dizaines de civil·es et d’affamer la population de Gaza après vingt et un mois de bombardements, le gouvernement israélien prévoit, avec l’accord de Trump, de concentrer les Palestinien·nes dans des camps dans le sud de l’enclave, en espérant pouvoir en déplacer une bonne partie dans le désert du Sinaï égyptien et une autre dans les pays riverains. Une population, aujourd’hui soumise à un génocide, qui ne recevrait une aide vitale qu’au compte-gouttes, à travers l’infamante et mal nommée Fondation humanitaire pour Gaza, et sous les tirs de l’armée et de mercenaires.
Aucune paix en vue, ni pour la Palestine, ni pour Israël. Continuer à affirmer que le désir le plus cher de Donald Trump est de se poser en faiseur de paix relève de l’aveuglement manifeste, à moins de continuer à croire à la fable d’un «fou» actuellement au pouvoir à Washington. Le plan que le président étasunien avait présenté en 20201>Alain Gresh, «Israël-Palestine, un plan de guerre», Monde diplomatique, mars 2020., et qui continue à le guider, n’a pas pour but une résolution du conflit au Proche-Orient mais bien la colonisation israélienne des territoires occupés palestiniens. Son «accord du siècle» prévoit d’attribuer un tiers de la Cisjordanie à Israël – en violation flagrante du droit international – et de créer un «Etat» palestinien au territoire discontinu composé de bantoustans, sans souveraineté ni armée, ne disposant donc d’aucun des attributs d’un Etat. Gageons que Gaza et sa «riviera» seraient désormais absorbés par Israël.
Au-delà de sa dimension inique et illégale, un tel plan s’avère totalement chimérique étant donné le refus évident des Palestinien·nes et des Etats de la région. Aucune paix n’est envisageable sans justice. Combien de souffrance faut-il encore pour qu’Israël et ses protecteurs le comprennent?
Notes