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Un monde en repli

Les coupes annoncées dès janvier par l’administration Trump, notamment à l'USAID (Agence des États-Unis pour le développement international), ont touché des ONG suisses impliquées de longue date dans l’aide à l’enfance et l’aide humanitaire. KEYSTONE
Coopération 

«Le Conseil d’Etat accorde une attention particulière aux difficultés rencontrées par les ONG vaudoises confrontées à des restrictions budgétaires.» Voilà le début de la réponse donnée le 2 juillet dernier par le gouvernement vaudois à une interpellation sur les coupes budgétaires décidées tous azimuts dans les milieux de la coopération internationale. A commencer par celles annoncées dès janvier par l’administration Trump, qui ont notamment touché des ONG suisses impliquées de longue date dans l’aide à l’enfance et l’aide humanitaire. Rien que dans le canton de Vaud, des dizaines de postes ont été supprimés. Et des centaines d’autres à l’étranger, dans les zones d’intervention.

Au-delà des questions d’emploi en Suisse, qu’en est-il des millions de personnes qui, dans le monde entier, sont directement menacées par ces politiques de repli nationaliste? Ce désengagement a atteint un point culminant et symbolique, le 1er juillet, avec la fermeture définitive et officielle de l’USAID, l’agence des Etats-Unis d’aide au développement. «Un séisme pour la coopération internationale», constate aujourd’hui l’association E-Changer, membre de la Fedevaco, la faîtière vaudoise du secteur. D’autant plus que de nombreux pays européens suivent la tendance: la France, l’Allemagne, les Pays-Bas, mais aussi la Suisse rabotent leurs budgets d’aide au développement. Pour les professionnel·les de la coopération, toutes ces annonces provoquent un état de sidération: comme si les millions de vies en jeu, dépendant de la solidarité internationale, n’en valaient plus la peine.

Le 2 juillet, en refusant d’entrer en matière sur tout geste de soutien financier, le Conseil d’Etat vaudois renvoie à cette même vision d’un monde enfermé dans le repli sur soi: décevant, comme le regrette le député socialiste Laurent Balsiger. Sans générosité, sans courage, à courte vue. Un monde stérile, désespérant. Et schizophrène: le gouvernement vaudois invoque le déficit historique pour justifier sa décision de ne pas accorder un sou de plus à l’entraide, malgré la tourmente – et donc, aux plus démuni·es. Mais il ne précise pas que ce déficit historique a notamment pour cause les cadeaux fiscaux consentis à hauteur de dizaines de millions, depuis des années, en faveur des plus grosses fortunes du canton.

Le soutien à la coopération viendra peut-être de la base: celle des communes, qui ont bien compris le message et augmenté leurs contributions. Voilà au moins un point positif, relevé dans nos colonnes par la Fedevaco.