La fuite en avant guerrière d’Israël a franchi un nouveau palier dans la nuit de jeudi à vendredi. Avec plus de 200 attaques aériennes en Iran, l’Etat hébreu a déclenché de graves hostilités qui pourraient entraîner un embrasement régional. Loin de condamner cette violation flagrante de la Charte des Nations unies, le président français Emmanuel Macron a invoqué «le droit d’Israël à assurer sa sécurité» quelques heures après le lancement des frappes.
Ivre de sa «doctrine de puissance», galvanisé par le laisser-faire des Etats occidentaux du génocide à Gaza, de l’accélération de la colonisation de la Cisjordanie et des bombardements au Liban et en Syrie, Benjamin Netanyahou a la bride sur le cou et met toute la sécurité régionale en péril, celle de ses propres citoyens incluse. L’efficacité de l’attaque israélienne sur le programme d’enrichissement de l’uranium iranien est d’ailleurs loin d’être évidente. Elle pourrait même produire l’inverse selon nombre d’experts. Le plan iranien, très avancé, est réparti dans des endroits sensibles, enterrés et dispersés dans tout le pays, hors d’atteinte des missiles1> Lire Mediapart: «Arrêter le nucléaire iranien avec des bombes…». Il a été conçu pour résister aux tentatives de destruction. Par le passé, les frappes israéliennes ont surtout accentué la détermination des autorités iraniennes à se doter de l’arme atomique. On peut s’interroger sur les objectifs réels du gouvernement israélien: se maintenir coûte que coûte au pouvoir, faire diversion sur le génocide et les déportations en cours et faire capoter la conférence internationale prévue à New York la semaine prochaine sur la reconnaissance internationale de l’Etat palestinien en font sans doute partie.
Concernant les velléités de l’Iran de se doter de l’arme nucléaire, Donald Trump disait être à bout touchant dans les négociations avec le régime des mollahs. Après avoir lui-même dénoncé en 2018 le précédent accord international, le président étasunien disait mettre un point d’honneur à trouver une solution avec Téhéran. Mais croire qu’il n’aurait pas donné son aval à Israël pour frapper, qu’il se serait laissé «déborder» par un gouvernement qui n’en ferait qu’à sa tête – alors que ce dernier dépend en réalité étroitement de Washington à tous les niveaux – serait pécher par naïveté. Les déclarations de Trump de ces dernier jours le démontrent. La figure trumpienne du «faiseur de paix» n’apparaît aujourd’hui que comme un risible cache-sexe du néo-impérialisme étasunien qui subsiste bel et bien malgré les échecs de ses agressions militaires en Irak et en Afghanistan. Le duo israélo-étasunien semble plutôt jouer une remake du good cop et du bad cop que de manifester un désaccord réel.
Notes