L’UNRWA pilonnée par la droite
La Suisse vient une fois encore de se couvrir de honte. Après une première tentative repoussée in extremis ce printemps, le Conseil national a suivi lundi – la Chambre haute peut encore rectifier le tir – les recommandations de l’UDC en votant la suppression totale des contributions suisses à l’UNRWA, l’agence onusienne d’aide aux réfugiés palestiniens. Alors même que la population de Gaza est au bord du gouffre, bombardée sans répit par Israël depuis onze mois, souffrant de malnutrition et menacée par la polio. L’urgence est absolue sur tous les plans, les témoignages des médecins de retour de la bande de Gaza font état d’une situation humanitaire apocalyptique. Une génération est sacrifiée: près de 17’000 enfants ont été tués à ce jour et les survivant·es sont privé·es de tout, y compris de rentrée scolaire – c’est le cas de 45’000 enfants de 6 ans, souligne l’Unicef.
Indigne, le vote du Conseil national intervient contre toute attente. Car aucun nouvel élément n’est venu étayer les accusations d’Israël à l’encontre d’une dizaine d’employés de l’agence – sur un total d’environ 12’000 à Gaza –, que l’Etat hébreu affirme noyautée par le Hamas. Un premier rapport indépendant sur la neutralité de l’UNRWA n’avait révélé aucun dysfonctionnement majeur, et seulement émis des recommandations visant à améliorer sa gouvernance, que l’agence s’est engagée à appliquer. Son directeur, Philippe Lazzarini, nous le confirmait cet été. Depuis, une enquête interne des Nations unies – confidentielle, mais dont les conclusions ont été rendues publiques – a mis hors de cause dix des dix-neuf employés soupçonnés et entraîné le licenciement des autres.
L’acharnement des élu·es sous la Coupole vise des buts politiques sur le long terme. A la manœuvre, une droite dure dont plusieurs représentants appartiennent au groupe parlementaire Suisse-Israël, aligné sur les positions officielles d’un Etat qui massacre des civils au mépris du droit international. On y retrouve l’UDC David Zuberbühler, auteur de la motion adoptée ce lundi. Faut-il rappeler que le patron des Affaires étrangères, le PLR Ignazio Cassis, siégea longtemps dans ce même groupe d’influence?
Autre signe de ce travail de sape, mené avec l’appui d’élu·es centristes, une seconde motion également acceptée lundi, qui enjoint le Conseil fédéral à examiner des alternatives à l’UNRWA. Soit précisément l’objectif d’Israël et de ses alliés, visant à solder l’agence créée ad hoc en 1949 après la Nakba, garante de fait du statut de réfugié·es des Palestinien·nes et donc de leur droit au retour.