Une attaque frontale de l’extrême droite et de la droite contre les salaires de milliers de travailleurs et de travailleuses. L’Union syndicale suisse a dénoncé hier la volonté du camp bourgeois de faire primer les conventions collectives de travail (CCT) nationales sur les salaires minimaux cantonaux.
Actuellement, toute une série de cantons – dont Genève, Neuchâtel et le Jura – connaissent de tels dispositifs ou s’apprêtent à voter sur des initiatives demandant leur introduction, comme dans le canton de Vaud ou à Fribourg. Las. Le 17 juin, le National se prononcera sur un projet de loi pernicieux qui prévoit de faire primer les CCT nationales sur d’éventuelles dispositions plus favorables qui auraient pu être arrachées dans tel ou tel canton centre, là où la vie est plus chère.
Si cette loi – qui fait suite à la motion Ettlin, du nom de son initiateur, sénateur du Centre – passe la rampe, cela impliquera des baisses massives de salaires pour des professions peu rémunérées et, donc, souvent à majorité féminine. Selon les calculs des syndicats, pour Genève, une employée semi-qualifiée dans le nettoyage des textiles pourrait perdre 350 francs par mois ou une coiffeuse 250 francs!
On constatera que le fédéralisme a bon dos dans cette histoire. Les cantons ont d’ailleurs appelé au rejet de cette proposition. La droite aime bien en appeler à la subsidiarité et au peuple, mais lorsque celui-ci ne va pas dans son sens – comme cela a été le cas à Genève ou à Neuchâtel où des smic cantonaux ont été approuvés par voie d’initiative –, elle tente de défaire par en haut ce qui lui a été imposé par en bas.
A garder à l’esprit dans le cadre des Bilatérales III en cours de discussion et sur lesquelles le Souverain votera. La défense des droits populaires qui sera mise en avant par l’extrême droite tiendra davantage du colifichet politique que du véritable argument de fonds.
D’autant plus qu’on observe une fabuleuse capacité du camp patronal à retourner son discours comme une chaussette. Dans les CCT nationales, il renâcle à fixer des salaires minimaux permettant de vivre dignement dans les cantons centres, au nom précisément du fédéralisme. Avec l’argument que cela peut très bien être réglé au niveau cantonal. Et lorsque cela est le cas – avec l’instauration de salaires planchers – on le voit attaquer ces mêmes dispositifs. Vous avez dit girouette?
Au vu des rapports de force, il est probable qu’un référendum devra être lancé pour que le peuple ait le dernier mot. Ce qui ne serait que justice. Ce sont ses droits à une vie digne qui sont attaqués de la sorte par le bloc bourgeois. Et, après l’adoption de la treizième rente AVS, un nouveau retour de manivelle dans ses gencives serait sans doute salutaire.