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USA, sursaut face à l’absurde

Depuis une semaine, quelque 120 000 personnes ont exprimé leur colère contre les politiques de Trump et de ses fidèles. KEYSTONE
États-Unis

Depuis le retour aux affaires de Donald Trump, l’opposition étasunienne ressemblait à un lapin pris dans les phares d’une Tesla Cybertruck: elle est restée largement figée alors que le président étasunien décrétait, de son paraphe agité, la guerre contre pauvres, migrant·es, fonctionnaires, femmes, personnes non binaires et ennemi «woke». Non sans saupoudrer le tout d’une bonne dose d’isolationnisme et de pulsions va-t-en-guerre.

Heureusement, depuis une semaine, l’atonie semble enfin se dissiper, avec en point d’orgue de grandes manifestations à travers tout le pays samedi dernier. Aux cris de «Hands Off!» (bas les pattes), des dizaines de milliers de personnes dans plus de 1000 villes ont exprimé leur colère contre les politiques de Trump et de ses fidèle, à commencer par le milliardaire Elon Musk. Avec des échos à Paris, Londres, Berlin ou Rome, le rassemblement principal a eu lieu au National Mall de Washington, pas loin de la Maison Blanche.

En début de semaine déjà, le sénateur démocrate du New Jersey Cory Booker a battu le record du plus long discours à la chambre haute – 25 heures et 5 minutes –, pour dire tout le mal qu’il pensait de la «politique anticonstitutionnelle» de Trump. Et mardi, ce dernier a subi son premier revers électoral: alors que le Wisconsin votait pour renouveler un siège de sa Cour suprême, le poulain du président a perdu face à la juge liberal Susan Crawford.

A coup de millions de dollars, Elon Musk s’était engagé dans la campagne. Ce que le sénateur Bernie Sanders n’a pas manqué de fustiger, bouillonnant dénonciateur de l’oligarchie au pouvoir et rare voix démocrate audible ces derniers mois; jusqu’à jeudi dernier, lorsque l’ex-président Obama a pris la parole au Hamilton College de New York: critique face aux choix économiques de Trump, il s’est dit «tout particulièrement préoccupé par un gouvernement fédéral qui menace les universités si elles ne se retournent pas contre les étudiant·es exerçant leur droit à la liberté d’expression.» Une référence, entre autres, aux occupations propalestiniennes sur les campus.

Si le réveil de la semaine dernière est réjouissant, il ne suffira pas à contrer les élans liberticido-libertariens de Trump & Co.: le détricotage des décrets se joue dès a présent devant les tribunaux, avant les urnes. Que le camp progressiste donne de la voix et s’unisse, dans la rue et au-delà, n’en reste pas moins crucial. La résistance est aussi affaire de prise de parole et d’occupation des espaces, physiques et virtuels, pour souligner qu’à l’absurde dystopique, nul·le n’est tenu·e.

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