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Gauche: le reflux

Les élections municipales de ce week-end en Ville de Genève voient la majorité basculer à droite, après cinq ans de pouvoir délibératif à majorité rose-rouge-verte. CÉDRIC VINCENSINI
Municipales 2025

Un glissement à droite. Les élections municipales de ce week-end en Ville de Genève voient la majorité basculer à droite, après cinq ans de pouvoir délibératif à majorité rose-rouge-verte. Le bloc de droite   – pour autant qu’on y inclue le MCG – sera fort de 41 sièges contre 39 à la gauche.

Plusieurs phénomènes expliquent sans doute ce changement de majorité. Celui-ci se caractérise par un fort recul des Vert·es (-6,3% de suffrages). Au profit de l’extrême droite qui, elle, progresse avec un Mouvement citoyens genevois gagnant 3,4% de voix et l’Union démocratique du centre récoltant 2,7% de bulletins en sus par rapport au scrutin de 2020.

Les pertes écologistes s’inscrivent dans une tendance baissière qui a déjà vu le parti au tournesol perdre des pétales lors des élections fédérales et cantonales de 2023. Certain·es y voient un rééquilibrage après plusieurs scrutins s’inscrivant dans une dynamique très favorable, portés par des mouvements sociaux comme la grève climatique ou la grève des femmes qui ont bénéficié aux Vert·es.

Mais une certaine usure du pouvoir peut aussi être invoquée: la fin de législature de la verte Frédérique Perler a été laborieuse, la figure cantonale d’un Antonio Hodgers peut aussi mal passer auprès d’une base échaudée par sa politique d’aménagement. Enfin, les Vert’libéraux, alliés au Centre, ont pu aussi constituer une concurrence.

Fondamentalement, pourtant, le résultat de ce week-end s’inscrit dans une tendance plus lourde, celle d’une montée des populismes en Europe, aux Etats-Unis et dans le monde. L’arrivée au pouvoir d’un Donald Trump légitime le discours isolationniste, hostile au multiculturalisme, à la diversité et à l’ouverture sur le monde. On observe d’ailleurs des glissements similaires dans plusieurs communes périurbaines qui enregistrent une progression des forces populistes.

On peut y voir un vote porte-monnaie. Les électrices et les électeurs glissent un bulletin dans l’urne avec pour but de protéger leur pouvoir d’achat rogné par la politique néolibérale mise en œuvre par le droite. Et elles et ils se laissent enfumer par la propagande d’extrême droite qui désigne les frontalier·ères comme le vecteur du dumping salarial ou les migrant·es comme des concurrent·es ou des profiteur·euses.

Au niveau suisse, on a vu qu’un discours volontariste – on pense à la 13e rente AVS – peut mobiliser le peuple de gauche. La dérive droitière n’est pas une fatalité. Trouver des leviers identiques qui parlent à l’électorat et permettent de contrer la logique du bouc émissaire est bien sûr plus compliqué au niveau des municipalités. Mais pas impossible, on songe aux crèches, au logement, voire à la fiscalité.

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