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L’UNRWA, «principale bouée de sauvetage des Palestinien·nes»

«La saga parlementaire doit trouver une issue favorable!» Le renouvellement du financement suisse de l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) doit être tranché lundi par la Commission de politique étrangère du Conseil des Etats (CPE). Il est «crucial que la CPE autorise le maintien du financement», plaide Amnesty International Suisse.
Suisse

Le 17 février, la Commission de politique étrangère du Conseil des Etats (CPE) se prononcera sur la question de la poursuite du financement de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). Depuis plus d’une année, cette question est l’objet de revirements parlementaires dignes d’un soap opera.

Des rebondissements vains, et d’autant plus honteux lorsqu’on sait qu’ils affectent la vie des Palestinien·nes qui survivent au génocide commis par Israël à Gaza ainsi qu’à la recrudescence des violences en Cisjordanie. Dans cette portion-ci du Territoire palestinien occupé s’observe en effet une augmentation alarmante des homicides illégaux, des confiscations de terres, des arrestations arbitraires, des disparitions forcées, des actes de torture et autres formes de mauvais traitements infligés aux Palestinien·nes.

Dès la fin janvier, l’UNRWA a procédé à l’évacuation de son siège dans le quartier de Sheikh Jarrah, à Jérusalem-Est, et au redéploiement temporaire de son personnel international en Jordanie. Cette mesure fait suite à l’adoption par le parlement israélien d’une loi interdisant la présence de l’UNRWA en Israël ainsi qu’à Jérusalem-Est, que le pays occupe depuis 1967. Une loi contraire au droit international, qui interdit la fermeture d’une organisation d’aide humanitaire dans un territoire occupé, et qui pourrait participer du génocide instigué par Israël à l’encontre des Palestinien·nes de Gaza.

En effet, outre l’offensive militaire qui a fait 47 000 morts dans la bande de Gaza, l’imposition de conditions de vie destinées à entraîner à terme la destruction de cette population, notamment via l’interdiction ou l’obstruction de l’acheminement de services essentiels, de l’aide humanitaire et d’autres produits vitaux, relève également d’une intention génocidaire.

Malgré les entraves répétées à son travail par les autorités israéliennes, l’UNRWA demeure la principale bouée de sauvetage pour les Palestinien·nes. Or, l’aide humanitaire est essentielle au succès de l’accord de cessez-le-feu conclu le 16 janvier entre Israël et le Hamas. Les centaines de milliers de personnes blessées, en proie à la famine, traumatisées ou sans-abri de Gaza ne font pas bon ménage avec la paix.

Depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, l’UNRWA a acheminé 60% de toute l’aide humanitaire parvenue dans le Territoire palestinien occupé. Elle y demeure le plus important acteur humanitaire. Et seule l’agence onusienne dispose du réseau nécessaire pour délivrer des services essentiels tels que des abris d’urgence, des soins, la distribution de nourriture et d’eau ainsi que l’assainissement dans l’ensemble de la bande de Gaza.

L’UNRWA fournit par exemple une aide alimentaire à un million de personnes à Gaza, tandis que le Programme alimentaire mondial (PAM) dessert l’autre million, en s’appuyant sur l’agence onusienne pour la distribution d’environ 40% de ses fournitures. Dans les zones où le PAM et ses partenaires n’ont pas de présence régulière, la part assumée par l’UNRWA peut atteindre 75%.

En tant qu’Etat dépositaire des Conventions de Genève, la Suisse organise justement une conférence des Etats parties aux Conventions de Genève dans le but de renforcer la protection de la population palestinienne. A ce titre, il est indispensable qu’elle s’engage auprès d’Israël pour que l’UNRWA puisse continuer à exercer dans le Territoire palestinien occupé, y compris à Jérusalem-Est, et contribue à la livraison de biens de première nécessité pour soulager la population palestinienne.

Par ailleurs, face aux sanctions décidées par le président Trump contre la Cour pénale internationale, qui sapent les efforts de justice au Proche-Orient, notre pays devrait montrer l’exemple en contribuant aux efforts diplomatiques pour mettre fin à l’occupation illégale d’Israël et faire respecter les droits humains des Palestinien·nes et des Israélien·nes.

Il est donc crucial que la CPE autorise le maintien du financement à l’UNRWA. La Suisse a une longue tradition d’aide humanitaire; cet engagement doit se poursuive pour pérenniser le cessez-le-feu et contribuer aux efforts de paix.

Nadia Boehlen est porte-parole d’Amnesty International Suisse.