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Qui sont les véritables utopistes?

Loïc Krähenbühl revient sur les commentaires qui ont suivi les résultats du vote sur l’initiative pour la responsabilité environnementale.
Votations

Utopistes et rêveurs, ces jeunes verts! Lisons-nous un peu partout au moment d’encaisser les résultats de la votation du 9 février dernier.

Le sujet de mon propos ci-dessous, et un enseignement de cette journée à mon sens, est qu’il y a aussi une bataille des mots à mener et une rhétorique à inverser.

Les médias semblent s’accorder sur la légitimité du sujet (en même temps, le contraire serait criminel) et sur la richesse de ce qu’aurait pu apporter notre processus démocratique exploité de la meilleure des façons concernant l’objet du jour. Cela dit, tous déplorent le manque de moyens investis et la non-campagne menée par les Jeunes Verts, avec des résultats menant logiquement à des chiffres aussi brutaux (tant au niveau du résultat que de l’abstention). Bref, des analyses réalistes et pragmatiques.

Je ne peux m’empêcher cependant d’être gêné par ce ton subtilement condescendant qu’on retrouve dans certains articles couvrant le sujet (et bien évidemment, dès le départ et beaucoup moins subtilement, chez l’opposition). Dans ma tête, ça résonne un peu comme des «Bravo les jeunes, c’est bien de s’essayer à la politique, maintenant apprenez à en maîtriser les codes et surtout à faire avec la réalité, votre proposition c’est de la fantaisie.».

Utopistes et rêveurs ces Jeunes Verts, vraiment? La RTS relayait en fin de journée les propos de l’éditorialiste de 24 Heures et de la Tribune de Genève: «Ils ont rêvé d’un autre monde. Un monde où les Suisses réduiraient leur consommation – et ainsi leur empreinte carbone – jusqu’à respecter les limites planétaires. La réalité les a rappelés à l’ordre.»

Il y a au moins autant de réalités que de personnes sur terre, c’est un bon rappel. Parce qu’aujourd’hui, en 2025, qualifier «ce monde où les Suisses réduiraient leur consommation – et ainsi leur empreinte carbone – jusqu’à respecter les limites planétaires» d’utopie et de rêverie, c’est continuer à œuvrer pour une réalité mortifère qui, si nous sommes sérieux deux minutes, relève bien plus largement de l’utopie que des ambitions des Jeunes Verts de faire réduire la consommation des Suisses.

Les gens qui rêvent, ce ne sont pas les gens qui se battent pour notre avenir et celui du vivant, ce ne sont pas les gens qui comprennent que les seules solutions pérennes face à la crise climatique passent forcément par une réduction de la consommation et par une vraie révolution philosophique de ce qu’est «une bonne vie».

C’est vous qui rêvez, c’est vous les utopistes qui continuez de croire en un statu quo qui fait déjà tant de dégâts et qui en fera toujours plus si on refuse de considérer d’autres réalités que la sienne.

Allez les Jeunes Verts, on continue!

Loïc Krähenbühl,
Vevey