L’initiative des Jeunes Vert·es, rejetée par 70% des votant·es, a donc bu la tasse lors de la votation fédérale de ce dimanche. Ceci alors qu’il s’agissait du seul objet soumis au Souverain, ce qui, théoriquement, aurait dû laisser un espace suffisant au débat. Las, la campagne n’a pas décollé. L’obstacle était trop haut.
Sans doute que le backlash réactionnaire généré par l’élection de Trump et son cortège d’horreurs néonazies n’a pas aidé: demander à la petite Suisse de faire œuvre de progressisme environnemental alors qu’une fuite en avant meurtrière et dopée aux énergies fossiles est impulsée par les Etats-Unis a pu inquiéter une frange du corps électoral ou en pousser une partie dans le déni climatique.
Seule consolation: le concept des limites planétaires a pu être explicité. Un travail pédagogique a été mené, une graine a été semée. Reste à l’arrivée une certaine frustration au regard de l’importance des enjeux. Le scrutin de ce week-end représente bel et bien une occasion manquée.
Car il y a le feu à la planète. Les signaux d’alarme se multiplient: inondations catastrophiques à Valence, feux dévastateurs à Los Angeles, effondrement de la biodiversité et disparition des glaciers en Suisse. La facture sera lourde. Déjà, en Californie, on constate un défaut de couverture et de payements des compagnies d’assurance.
Prendre une longueur d’avance aurait pu être un atout pour la Suisse. Les défis ne manquent pas: faire évoluer nos mobilités, assurer une meilleure isolation des bâtiments, promouvoir des comportements écologiquement vertueux au niveau de l’alimentation ou de nos loisirs…
Prétendre, comme le fait la droite économique, que le vote de ce dimanche est un plébiscite pour la politique menée par la Suisse est au mieux du greenwashing, au pire relève d’un cynisme certain. Les mesures votées à Berne et pour certaines validées par le peuple s’inscrivent de manière bien insuffisante dans la trajectoire visant à limiter à 1,5 degré le réchauffement climatique. Limite qui vient d’ailleurs à nouveau d’être franchie en 2024.
Les milieux bourgeois se sont félicités dimanche du refus d’une «écologie punitive». En l’occurrence, ils ont simplement défendu une économie privative qui est déjà douloureuse pour le porte-monnaie des Suissesses et des Suisses. Et cela n’ira pas en s’améliorant. Ces rapports de production creusent les inégalités et saccagent la planète.
Cette réalité est têtue. Elle va nous rattraper plus vite que prévu. Œuvrer pour que les indispensables mesures qui devront être prises ne se fassent pas sur le dos des revenus modestes sera un enjeu crucial.
Le rendez-vous est déjà pris.