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Une urgence constante

Ce week-end, Lausanne a accueilli les premières assises du sans-abrisme, un événement inédit et nécessaire en Suisse. KEYSTONE/PRÉTEXTE
Logement

Ce week-end, Lausanne a accueilli les premières assises du sans-abrisme, un événement inédit et nécessaire en Suisse. Coorganisé par l’Observatoire des précarités de la Haute école de travail social et de la santé (HETSL), la Haute école de travail social de Fribourg et le collectif 43m2, ce forum marque une avancée majeure dans la mise à l’agenda d’une thématique souvent réduite aux actions coup de poing des collectifs de défense des personnes précarisées. On se souvient à Lausanne des occupations de Beaulieu durant la pandémie, du jardin de la HETSL ou encore du Théâtre de Vidy.

L’événement a permis de souligner une réalité évidente: le sans-abrisme est une question sociale et politique qui exige une attention permanente. A Lausanne, chercheur·euses, militant·es et personnes concernées ont pu échanger, renforçant ainsi la visibilité d’un problème largement ignoré. Le Courrier a également participé, expliquant sa manière de traiter le sujet et esquissant des pistes pour améliorer sa mise à l’agenda. En revanche, les autorités, bien qu’invitées, ont brillé par leur absence alors qu’elles constituent l’un des principaux leviers d’action.

Rendre visible l’invisible reste un défi, en particulier pour les journalistes. L’absence criante de chiffres fiables en Suisse empêche d’évaluer l’ampleur du phénomène et in fine d’avoir un débat public à la hauteur des enjeux. Malgré un paysage médiatique souvent contraint par l’agenda institutionnel et des ressources limitées, des approches comme l’enquête, le journalisme de solutions ou l’immersion demeurent des pistes précieuses. Elles permettent non seulement de poser un constat, mais aussi de mettre en lumière des bonnes pratiques, à l’image du Housing first, une politique de logement inconditionnel ayant déjà fait ses preuves.

En 2025, il n’est plus possible d’imaginer qu’une seule personne dorme encore dans la rue. Cela dépasse l’urgence sociale et politique : il en va de notre responsabilité collective, et donc aussi journalistique. Informer, raconter ces réalités invisibles et mettre la pression sur les pouvoirs publics font partie de nos missions. Si une leçon doit être retenue de ces assises, c’est qu’il faut dépasser un simple traitement réactif à l’actualité. Car les militant·es, très engagé·es sur le sol vaudois, ont exprimé leur épuisement et le sans-abrisme ne disparait pas une fois l’agitation médiatique retombée. L’urgence du phénomène nécessite tant une couverture continue qu’engagée.

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