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D’Auschwitz à Gaza, plus jamais ça!

Le nombre probable de tués estimé par le Lancet est de 64’260 morts jusqu’au 30 juin 2025, soit un chiffre supérieur de 41% à celui du ministère de la santé du Hamas. Ce nombre représente 2,9% de la population de Gaza avant la guerre, «soit environ un habitant sur 35». KEYSTONE
Commémoration

Il y a quatre-vingts ans jour pour jour, l’Armée rouge libérait le camp nazi d’Auschwitz où plus d’un million de personnes, dont 90% juives, furent assassinées. Comme l’écrit l’historien Enzo Traverso, l’Holocauste représente une synthèse unique d’éléments clés de la modernité occidentale: le colonialisme, la guerre, le racisme biologique, l’antisémitisme, le nationalisme et l’impérialisme. Or aujourd’hui, l’idéologie brune qui a donné naissance aux chambres à gaz fait un retour spectaculaire sur la scène mondiale, comme en témoigne le salut nazi d’Elon Musk. Cela rend d’autant plus crucial le travail de mémoire collective autour de cette barbarie, perpétrée à l’échelle industrielle.

Le 27 janvier est devenu la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste. Ce jour est également celui de la prévention de tels crimes contre l’humanité. Or le «plus jamais ça» répété par la communauté internationale résonne bien tragiquement en 2025. Cette commémoration coïncide en effet – à un jour près – avec l’adoption, le 26 janvier 2024, de l’ordonnance de la Cour internationale de Justice (CIJ) identifiant le risque de génocide à Gaza. Le tribunal ordonnait à Israël de prendre toutes les mesures en son pouvoir pour prévenir la commission de ce crime à l’encontre des Palestinien·nes. Depuis, loin de se plier à cette injonction, Israël a bel et bien commis un génocide. Il faut lire le rapport fouillé d’Amnesty International du 5 décembre dernier 1> amnesty.fr/actualites/rapport-genocide-palestiniens-gaza-commis-par-etat-israel, dont les conclusions sont partagées par plusieurs organes de l’ONU et Human Rights Watch.

Loin de prévenir et de protéger les populations de Gaza comme les y oblige la Convention sur le génocide, nombre d’Etats occidentaux, dont la Suisse, se sont non seulement rendus complices par omission, mais ont aussi encouragé la poursuite de ces crimes par leurs déclarations belliqueuses en faveur d’Israël, ou par des cautions plus feutrées. L’Allemagne et les Etats-Unis portent une responsabilité plus directe pour avoir continué à envoyer des armes à Israël. Le fiasco est inouï et porte la marque d’une idéologie néocoloniale, raciste et impérialiste européenne et nord-américaine.

Qu’un gouvernement prétendant représenter la population juive puisse commettre aujourd’hui en toute impunité un crime de génocide paraît inconcevable. L’affirmer semble presque blasphématoire. Le plus incroyable est que cette guerre contre les Gazaoui·es est menée par certains responsables israéliens au nom de la mémoire de l’Holocauste, ainsi dévoyée et dramatiquement affaiblie 2> mediapart.fr/journal/international/051123/enzo-traverso-la-guerre-gaza-brouille-la-memoire-de-l-holocauste. N’avons-nous rien appris?

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