Skip to content

Le Courrier L'essentiel, autrement

Je m'abonne

Davos, loin du monde

Dimanche, des centaines d'opposant·es se sont rassemblé·es lors de la manifestation anti-WEF. KEYSTONE
Forum économique mondial

Environ 5000 militaires, des agent·es de police de tous les cantons et un grillage de 52 kilomètres, pour les 3000 participant·es du Forum économique mondial (WEF). L’élite économique et politique mondiale se barricade dans un entre-soi dès lundi à Davos pour dessiner un monde à son image, juste au moment de l’investiture de Trump.

Thème phare de cette édition de la grande messe du capitalisme mondialisé: «La collaboration à l’ère de l’intelligence artificielle». Cette discussion, essentielle, aura lieu loin des sphères démocratiques, ne servant qu’aux intérêts des plus riches, au détriment des citoyen·nes. Et pourtant, comme l’a rappelé le Groupe pour une Suisse sans armée (GSSA) lors de la manifestation anti-WEF dimanche, l’IA est de plus en plus intégrée dans des décisions militaires. Des systèmes d’armes autonomes sèment la mort dans les guerres à Gaza et en Ukraine, des algorithmes de reconnaissance faciale identifient des cibles à éliminer, sans régulation internationale.

Sur les réseaux sociaux, les développements actuels participent à la polarisation de l’opinion et à la désinformation, menaçant plus que jamais la démocratie. Amnesty International a pointé le risque que les promesses des nouvelles technologies nous mènent vers un monde dystopique. Ce n’est pas à Davos que des réponses seront trouvées à ces défis, bien au contraire, ni d’ailleurs à celui du terrible bilan écologique de l’IA.

Au moment où les plus nantis se pavanent à Davos, Oxfam met en lumière l’étendue des inégalités. En 2024, la fortune des milliardaires a encore augmenté, alors que la lutte contre la pauvreté stagne. En Suisse aussi, les inégalités sont criantes. Dans notre pays, «une personne appartenant au 1% le plus riche met seulement neuf jours pour gagner autant qu’une personne faisant partie des 50% les plus pauvres en une année», avertit Solidar Suisse. Les plus riches sont également responsables de la plus grande part des émissions de CO2 et aggravent ainsi les conditions de vie dans le monde.

La lutte contre ces insupportables disparités pourrait passer par les urnes. L’initiative pour l’avenir de la Jeunesse socialiste demande un impôt de 50% sur les successions dépassant les 50 millions de francs, pour financer la transformation écologique de l’économie. En décembre, le Conseil fédéral l’a rejetée sans contre-projet, montrant son mépris pour la justice climatique et sociale. Même en investissant des moyens faramineux pour combattre l’initiative, les ultra-riches empêcheront difficilement une prise de conscience collective sur leur rôle dans la catastrophe climatique.