C’est un deal extrêmement fragile. Mais c’est le seul. La première lueur d’espoir depuis plus d’un an pour la population gazaouie à genoux et les familles d’otages éplorées par de nombreuses incertitudes sur le sort de leurs proches. Cette trêve n’aura pas été obtenue par l’administration sortante, celle d’un Joe Biden englué dans son soutien indéfectible à Israël. C’est bel et bien Donald Trump, en coulisses, et avant même son investiture ce lundi 20 janvier, qui aura mis toute la pression nécessaire pour arracher un accord historique.
Le point fort de Trump, ici, tout odieux qu’il soit, est qu’il privilégie le business et que celui-ci passe par des accords entravés depuis le 7 octobre 2023, notamment une paix entre l’Arabie saoudite et Israël. La région se reconfigure à vitesse grand V, d’autant plus depuis la chute d’Assad en Syrie, et le nouveau locataire de la Maison-Blanche entend consolider sa position et ses alliances auprès des pétromonarchies. Et face à un Iran coriace, dont le pouvoir de «nuisance» n’a été que temporairement amoindri par la déconfiture du Hezbollah.
La trêve qui débuterait dimanche pose davantage de questions qu’elle n’offre de réponses. Sous pression de son extrême droite, Netanyahou jouera-t-il le jeu ou fera-t-il à nouveau capoter l’accord? S’il est lâché par ses alliés, une crise politique interne pourrait tout compromettre. Le Hamas, de son côté, prendra-t-il le risque de restituer des otages, sa seule monnaie d’échange? Enfin, la crise humanitaire à Gaza pourra-t-elle être endiguée significativement? L’aide est censée être acheminée massivement dès la première phase de l’accord. Or la famine, les maladies, le désespoir et la désorganisation totale dans une bande côtière exsangue vont vraisemblablement révéler l’ampleur d’un désastre encore bien supérieur aux craintes des humanitaires. Et l’interdiction faite à l’UNRWA par Israël d’exercer, qui entre en force fin janvier, s’annonce comme un nouveau désastre sur le long terme pour la population gazaouie privée de tout service public.
Si trêve il y a, elle ne signifie de surcroît pas la fin des tueries. L’intransigeance israélienne et sa politique génocidaire, cautionnée encore aujourd’hui par les Etats occidentaux, n’augurent aucun règlement du conflit à court terme. Les velléités de franges importantes des autorités israéliennes de coloniser une portion de l’enclave palestinienne et d’en «sécuriser» une bonne partie en empêchant toute reconstruction ne sont évidemment pas propices à la paix face à un ennemi impossible à éradiquer, même par des massacres de masse.