Skip to content

Le Courrier L'essentiel, autrement

Je m'abonne

Reductio ad Stalinum

Reductio ad Stalinum
Le 9 février, la Suisse votera sur l’initiative pour une responsabilité environnementale. Ici la gare "écologique" de Delémont. KEYSTONE
changement climatique

Haro sur l’initiative populaire «Pour la responsabilité environnementale», lancée par les Jeunes Vert·es et sur laquelle le peuple votera le 9 février prochain. Les partis bourgeois ont ouvert les feux hier.

Un projet irréaliste, coûteux et irresponsable, comme le dénoncent l’UDC, le PLR et le Centre? Leurs propos outranciers, presque millénaristes, qui proclament quasiment la fin des temps, doivent nous mettre la puce à l’oreille. Car le texte mis en votation repose sur une évidence. Nous ne pouvons pas consommer davantage que ne le permet la capacité de renouvellement de notre biosphère. Or, pour ce qui est de l’année qui s’achève, la Suisse vit à crédit depuis le 27 mai, le solde consistant à puiser dans une réserve vouée à s’épuiser. Intenable sur le long terme. C’est cette réalité crue que rappelle l’initiative qui demande que la Suisse ne dépasse plus les limites planétaires, rapportées à la population, dans un délai de dix ans.

Cela aura bien sûr un impact sur nos modes de vie. Mais affirmer que cela nous renverra sinon vers l’âge de pierre du moins vers un niveau de vie comme celui de l’Afghanistan traduit une certaine nervosité du côté de la droite bourgeoise. Et une incapacité à répondre à la question de fond autrement que par des slogans lénifiants disant que la Suisse en fait déjà beaucoup.

Cerise sur le gâteau, ces formations parlent de projet digne «des pires dictatures communistes». En rhétorique, cela s’appelle un reductio ad stalinum, une sorte d’équivalent du point Godwin. Un artifice qui sert à masquer par l’invective l’absence de discours construit sur une question existentielle. Et tant pis si le futur que ce slogan masque conduit tout droit vers l’abîme. L’initiative des Jeunes Vert·es recèle peut-être une forte charge utopique; mais le message de la droite, c’est que l’avenir n’est pas son affaire.

Autour de l'article