Skip to content

Le Courrier L'essentiel, autrement

Je m'abonne

Nzoy, un classement indécent

Nzoy, un classement indécent
Ce samedi, plus d’une centaine de personnes ont manifesté pour dénoncer la décision du Ministère public. KEYSTONE
Violences policières

Ce samedi, plus d’une centaine de personnes ont manifesté pour dénoncer la décision du Ministère public vaudois de classer l’affaire Nzoy. La famille a fait recours contre le classement. Sur le quai de la gare de Morges, la police a tué Nzoy sous les yeux des voyageur·euses du train arrêté en gare ce 30 août 2021. Quatre agents cernaient l’homme de 37 ans armé d’un couteau et l’un d’entre eux lui a tiré dessus à trois reprises. Nzoy était Noir, comme les trois autres hommes morts entre les mains de la police vaudoise entre 2016 et 2021.

Quatre insoutenables minutes, c’est le temps pendant lequel Nzoy est resté à terre, avec trois balles dans le ventre, sans que les policiers ne lui prêtent secours. Comble du cynisme, un agent lui a même passé des menottes alors qu’il était inerte au sol. C’est finalement un infirmier arrivé sur les lieux par hasard qui prodiguera un massage cardiaque.

En classant l’affaire, le Ministère public prive la famille de Nzoy d’un procès public qui permettrait de faire toute la lumière sur le déroulement des événements. Au terme de son instruction, le Parquet retient la légitime défense du policier qui a tiré et balaie l’omission de porter secours. Le troisième tir aurait de toute façon été mortel «à brève échéance», constate-t-il. Cet argument est pour le moins douteux, les policiers n’ayant aucun moyen sur le moment de savoir que Nzoy ne pouvait être sauvé.

Ce classement représente un mépris pour la vie de Nzoy. Il jette une lueur crue sur l’interdépendance de la justice et de la police. Lorsque la police est impliquée dans une affaire, les investigations sont menées par une unité dont les agents sont issus des corps de la Police cantonale vaudoise. La police enquête sur la police, alors que le corporatisme dans la profession n’est un secret pour personne. Depuis plusieurs années, des voix s’élèvent pour que ces affaires soient instruites par une instance réellement indépendante. En continuant à fermer les yeux sur cette demande, la justice perd sa crédibilité auprès d’une partie toujours plus large de la population.

Si l’affaire a pu être classée aussi facilement, c’est aussi une conséquence du racisme structurel qui imprègne les institutions policières et judiciaires. Une certaine prise de conscience commence à émerger mais le chemin est encore long. Les quelques jours de sensibilisation au racisme dispensés aux futur·es agent·es de police restent largement insuffisants. Et la justice fait encore aujourd’hui comme si le racisme structurel n’existait pas. Pour un véritable changement, il est nécessaire que procureurs et tribunaux commencent à examiner les discriminations raciales lorsque des personnes issues de minorités sont tuées par la police ou sont victimes de violences. La justice doit montrer qu’elle appartient à tous et toutes.

Dossier Complet

Racisme: une justice trop blanche?

Les violences policières en procès

Hervé Mandundu, Mike Ben Peter, Lamine Fatty, Nzoy Roger Wilhelm... Le Courrier réunit dans ce dossier tous les articles relatifs aux violences policières commises à l'encontre d'hommes noirs...

Autour de l'article