Édito

Dérives françaises

Dérives françaises
Les gilets jaunes découvrent depuis quelques mois les pratiques excessivement violentes de la police française. KEYSTONE
Violences policières

Les méthodes policières françaises sont à la une. Alors que l’ONU somme l’Hexagone d’enquêter sur les «cas rapportés d’usage excessif de la force» envers les «gilets jaunes», voilà que rebondit l’affaire Adama Traoré, décédé à 24 ans. Des médecins appellent la justice à se pencher sur ses conditions d’arrestation.

En juillet 2016, le Français – d’origine malienne – a été retrouvé mort, entravé, après une interpellation policière au cours de laquelle il a été immobilisé par un plaquage ventral. Les pompiers ont réclamé que ses menottes soient ôtées, s’entendant répondre qu’il «simulait un malaise». Dans les manifs, son nom est devenu symbole de la lutte contre les violences policières envers les populations des banlieues.

Adama Traoré a succombé à un manque d’oxygène, mais des expertises jettent la faute sur ses antécédents médicaux. Version démentie par une nouvelle contre-expertise, payée par la famille. Le Monde l’a consultée; quatre spécialistes y mettent en doute «l’éthique médicale» des confrères mandatés par la justice car aucune étude sérieuse ne permet d’imputer la mort à la seule combinaison de ses maladies.

Ils suggèrent que la justice regarde de près les conditions d’interpellation. Le plaquage ventral est connu pour sa dangerosité. La France a été condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme pour un décès similaire en 2007, et des pays, dont la Suisse, l’interdisent. Même si Adama Traoré souffrait d’une maladie génétique ou des poumons, il a manqué de soins et de crédit lorsqu’il a affirmé avoir «du mal à respirer», phrase qui rappelle un cas célèbre aux Etats-Unis.

Les pratiques de la police française sont excessivement violentes et vont jusqu’à provoquer la mort. Dérives encouragées par la protection que le système lui accorde, notamment au niveau judiciaire. Le sentiment d’impunité qui en découle s’accompagne d’une déshumanisation des personnes interpellées. Les jeunes de banlieue le savent depuis longtemps. Les gilets jaunes le découvrent depuis quelques mois.

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