Mettre fin au génocide
C’est un rapport qui devrait faire date. Ce mercredi, Amnesty International a publié une recherche fouillée consacrée à l’offensive israélienne contre Gaza. Le constat, étayé par de nombreux éléments de preuve, est sans équivoque: «Il s’agit bien d’un génocide», préparé par des décennies d’apartheid et de déshumanisation infligées au peuple palestinien.
Cette étude rigoureuse, émanant de l’ONG de référence en matière de défense des droits humains, corrobore les conclusions exposées début octobre par Francesca Albanese, la rapporteuse spéciale des Nations unies pour les territoires palestiniens occupés. Ainsi que celles présentées, le 14 novembre dernier, par le Comité spécial des Nations unies chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes à Gaza.
La concordance et la solidité de ces rapports, qui s’appuient sur une lecture rigoureuse du droit international, devraient mettre les points sur les i. Et amener une majorité des Etats occidentaux et du monde politique, ainsi qu’une large part des médias, à sortir de leur cécité volontaire. Le caractère génocidaire de l’assaut contre Gaza ne relève pas du risque ou de la probabilité. Il est une réalité incontournable.
Le constat réalisé par Amnesty est sombre, mais pas sans issue. «La communauté internationale a les outils en main pour mettre fin à ce génocide», rappelle Agnès Callamard, la secrétaire générale de l’ONG. L’application des mandats d’arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI), l’imposition d’un embargo sur les armes et des sanctions contre l’Etat d’Israël sont des instruments qui peuvent forcer le gouvernement Netanyahou à mettre fin au massacre.
Cela exigerait un virage à 180 degrés de la part des plus proches alliés d’Israël, à commencer par les Etats-Unis, l’Allemagne et le Royaume-Uni, dont Amnesty a dénoncé la collusion effarante avec le gouvernement Netanyahou. On pourrait ajouter à cette liste la Confédération helvétique, qui refuse de condamner l’assaut contre Gaza, maintient sa collaboration avec le complexe militaro-industriel israélien et pourrait couper les vivres à l’UNRWA, si le Conseil des Etats confirme le vote sanction du National.
Il est temps que la Suisse rompe avec cette politique honteuse en accédant aux exigences posées par Amnesty. Parmi elles: l’exercice de pressions publiques sur l’Etat hébreu afin qu’il mette fin au génocide; le maintien du financement de l’UNRWA; et l’assurance qu’aucun bien militaire ou à double usage ne sera envoyé par la Suisse vers Israël.
Au vu du rapport publié ce mercredi, un refus de ces demandes traduirait un choix terrible de la part des autorités helvétiques: celui de se ranger, en toute connaissance de cause, parmi les complices d’un Etat génocidaire.