Vers une hausse des primes
Nous sommes nombreuses et nombreux à considérer que les montants des primes de l’assurance maladie sont devenus insupportables en augmentant chaque année alors que nos revenus, eux, pour la plupart d’entre nous, ne progressent pas, et parfois diminuent.
Le 24 novembre est soumise au vote une modification de la loi fédérale sur l’assurance maladie qui fixe un nouveau système de financement (EFAS) dans le but de simplifier ce système trop compliqué. Si la loi est acceptée: 73% du coût serait à la charge des assurances maladie (nos primes) et 27% à la charge des cantons (nos impôts). Un régime uniforme sera appliqué à toutes les prestations: les visites chez le médecin, les séjours à l’hôpital, les soins à domicile (IMAD), et les maisons de retraite (EMS). Cette option donnerait un pouvoir démesuré aux caisses-maladie et aggraverait la malédiction de l’augmentation continue des primes à la charge des ménages.
Moins de financement par les cantons signifie une hausse des primes. N’oublions pas que l’argent des cantons provient pour l’essentiel des impôts qui sont progressifs et correspondent tant bien que mal aux revenus. En revanche, les primes des caisses maladie sont individuelles et sans lien avec les revenus. Le PDG et le nettoyeur d’une entreprise payent la même prime de base. C’est choquant.
Ce péché originel de la LAMAL sera fatalement accentué dans le nouveau système: les primes continueront à augmenter. Et pour freiner les coûts, les mesures prises par les assurances tendront à réduire les prestations et encourageront le développement des complémentaires (sources de profits) pour ceux qui en auront les moyens. Par ailleurs, les pressions exercées sur les établissements publics et sur le personnel de la santé et des soins dégraderont davantage le traitement des malades et des résident·es. Les assuré·es considéré·es comme des «mauvais risques» ont du souci à se faire. En outre, la participation des assuré·es au coût des soins ne sera plus plafonnée: les factures des EMS vont augmenter fortement.
Voulons-nous confier définitivement les orientations et la gestion de la politique de la santé aux assureurs? N’étant pas crédule, je voterai non.
Marina Decarro,
Genève