Une traversée de la Rade pour les mobilités douces
La traversée de la Rade, un des serpents de mer dont Genève a le secret? En réalité, un projet bien concret: la passerelle piétonne du Mont-Blanc, un projet architectural attractif et de grande qualité, qui rend le lac aux habitant·es.
Plus dense canton de Suisse, et ville plus dense que Londres, Genève est le lieu rêvé où favoriser les piétons et les cyclistes, au détriment des voitures qui provoquent pollution, bruit et danger. C’est une évidence autant qu’une conviction, une question de responsabilité vis-à-vis des générations futures.
La passerelle s’inscrit dans cette démarche en offrant aux piétons une traversée réservée, protégée, au calme, leur permettant de relier les deux rives rapidement et en sécurité. L’élégant ouvrage d’art, signé Pierre-Alain Dupraz, prévoit une traversée d’un seul tenant porté par une seule poutre, s’inscrivant dans le paysage de manière harmonieuse. D’ailleurs, ce pont est un belvédère puisqu’il propose un banc sur toute sa longueur, offrant à tout un chacun une vue sur le panorama exceptionnel entre Léman et Mont-Blanc. Soutenir une telle infrastructure, c’est encourager la mobilité à pied, d’une rive à l’autre.
Les cyclistes sont aussi gagnant·es dans ce projet. Grâce à la passerelle, la partie amont du pont du Mont-Blanc devient une large piste cyclable à deux sens, qui permet de passer de la rive gauche à la droite en toute sécurité. Ainsi, le «U cyclable» de la Rade sera enfin bouclé, avec une voie rapide qui la longe sur toute sa longueur, reliant le quai de Cologny jusqu’à Mont-Repos. En acceptant la passerelle, on ouvre donc une voie express vélo au cœur de Genève, avec la vue exceptionnelle le long du lac. L’association de promotion de la mobilité cyclable Pro Vélo Genève soutient cette passerelle.
Certaines oppositions aiment à peindre le diable sur la rade, arguant d’un projet dépassé, hors de prix, qui toucherait au patrimoine – sérieusement, qui peut sérieusement affirmer que l’actuel pont du Mont-Blanc est beau? Plus largement, ce projet rassemble aussi les forces progressistes de la mobilité, dont l’association Transports et Environnement (ATE) et Mobilité piétonne, qui soutiennent cette traversée. Faut-il croire les arguments d’en face qui pensent mieux défendre les piétons à leur place…?
Côté finances, oui, la facture s’annonce salée: 54 millions de francs. Mais ce montant concerne aussi les aménagements autour de la passerelle. La moitié seulement est à la charge de la Ville de Genève, dont les comptes se portent très bien (200 millions d’excédent en 2023). Enfin, comment vouloir bâtir de qualité, dans la durée et dans de bonnes conditions salariales si l’on cherche à brader sans cesse?
Si l’on veut être cohérent, responsable, engagé et sérieux sur ses engagements en termes de mobilité piétonne et cyclable, de protection des usager·ères les plus fragiles, d’accès gratuit au lac, alors il faut voter «oui» le 24 novembre.