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Une magnifique opportunité

Bernard Delacoste estime que le projet de passerelle sur la rade représente enfin une donnée positive dans la gestion de la mobilité à Genève.
Aménagement

Le-la piéton·ne doit pouvoir profiter de son parcours sans le partager avec des véhicules motorisés qui n’ont qu’un seul but: traverser le plus vite possible. Et si on investissait un peu dans la lenteur et la qualité d’une promenade?

Dans les débats sur la passerelle du Mont-Blanc, sur laquelle les électeur·trices de la Ville de Genève devront se positionner le 24 novembre prochain, on oppose un schéma d’ingénieur de trafic à un projet d’architecture qui donne à voir le paysage. Cette passerelle est aussi l’expression de notre capacité à produire de l’espace public de qualité, de l’espace qui relie l’humain et le paysage, de l’espace qui donne envie d’un déplacement différent.

Et s’il coûte de l’argent à la Ville de Genève (26 mio), combien coûte l’entretien de nos routes, combien a coûté ce pont construit pour la voiture, combien coûteront ces projets d’autoroutes d’un autre temps? Celles et ceux qui attaquent aujourd’hui un espace pour l’humain sur le lac sont les mêmes qui veulent une traversée de la rade pour la voiture. Que les grincheux·ses continuent de traverser le pont avec leurs 4X4, leurs Fiat électriques ou leurs vélos-cargo mais que l’on arrête de vouloir nous faire marcher sur le pont. Autant marcher sur l’eau!

Un projet d’architecture pour la marche ne vaut-il pas mieux qu’une pauvre voie gagnée au milieu des voitures? Un ingénieur de trafic qui plante des géraniums sur un pont pour nous faire croire à un espace libéré de la voiture n’est pas crédible. Un spécialiste du deux roues qui rêve de traverser le lac sans le voir ne devrait pas non plus nous imposer sa vitesse de déplacement et sa pauvreté d’espace, une bande de bitume entre deux lignes blanches.

En trente ans à Genève, je n’ai jamais eu envie de traverser à pied ce pont dédié à la voiture. Il faut que la gêne change de camp et il faut enfin que nous puissions profiter de ce parcours, de cette vue et de ce rythme plus lent et plus humain. Une passerelle est à l’évidence autre chose qu’un morceau de trottoir.

Il sera alors temps de gérer au mieux les flux véhicules et les vélos rapides. Mais celles et ceux qui demandent à la passerelle de tout régler se trompent, cette passerelle est une magnifique opportunité de faire beaucoup mieux que ce que nous avons construit ces cinquante dernières années.

Cette passerelle n’est pas responsable de nos errances en termes de gestion des flux ou de politique défaillante de la mobilité, mais ce sera enfin une donnée positive dans l’équation à venir. Enfin un projet pour les flâneur·euses, enfin un investissement pour le plaisir de se déplacer à pied!

Delacoste Bernard, architecte marcheur, Conseiller municipal Vert en Ville de Genève

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