Bras croisés face à l’extermination?
«Ce qui se passe dans le camp de réfugiés de Jabaliya peut se résumer à une mission d’extermination rapide; nous n’avons jamais rien vu de tel.» Ainsi tweetait le journaliste palestinien Hossam Shabat, vendredi dernier. «Notre personnel signale qu’il ne trouve ni nourriture, ni eau, ni soins médicaux. L’odeur de la mort est omniprésente, les corps gisant sur les routes ou sous les décombres. Les missions visant à dégager les corps ou à fournir une aide humanitaire sont refusées [par l’armée israélienne]», dénonçait trois jours plus tard Philippe Lazzarini, le directeur de l’UNRWA, l’agence onusienne d’aide aux Palestinien·nes.
Depuis le début du mois, les 400 000 habitant·es du nord de la bande de Gaza, assiégé·es, subissent une offensive massive de l’armée israélienne. Selon plusieurs médias de l’Etat hébreu, cet assaut concrétise un plan élaboré par des hauts gradés de Tsahal à la retraite – dont l’objectif a été résumé par Uzi Rabi, professeur à l’université de Tel Aviv: «On expulse toute la population civile du Nord. Et quiconque y reste sera légalement condamné comme terroriste et soumis à un processus de famine ou d’extermination.» 1>+972, 17 septembre 2024.
Lundi 21 octobre, au moment où l’armée israélienne continuait à pilonner le nord de Gaza, Ignazio Cassis discourait devant le conseil de sécurité de l’ONU. Le conseiller fédéral y partageait sa préoccupation face à l’émergence de futures «guerres déshumanisées», permises par l’utilisation des nouvelles technologies. «Le Conseil doit se demander comment faire respecter le droit international humanitaire face à ces changements», soulignait le ministre libéral-radical.
Explorer l’avenir a son importance. Mais en matière de droit international, le péril n’est pas hypothétique. A Gaza, il prend la forme du massacre de la population palestinienne par l’armée israélienne, depuis plus d’une année. Par sa systématicité, cette entreprise s’apparente à un nettoyage ethnique – qui est en train de franchir un nouveau palier.
Face à ce crime contre l’humanité, l’impuissance n’est pas une fatalité. Ignazio Cassis pourrait faire des gestes concrets pour défendre le droit international humanitaire qu’il aime tant citer: d’abord, en condamnant le gouvernement Netanyahou et en exigeant la levée immédiate du blocus humanitaire qui étouffe le nord de Gaza; ensuite, en mettant fin au commerce militaire avec Israël. Enfin, en mettant au pas les élu·es de son parti au Conseil des Etats, afin qu’ils votent en faveur du maintien de la contribution helvétique à l’UNRWA le 24 octobre.
S’il s’y refuse, Ignazio Cassis – tout comme ses collègues du Conseil fédéral – restera dans l’histoire comme un complice du premier génocide de l’histoire retransmis en direct sur les réseaux sociaux.
Notes