Le pneu de la discorde
Ce n’est pas la pollution à laquelle on songe en premier. Pourtant, l’usure des pneus des voitures représente une part importante – jusqu’à 93% – du relâchement de plastiques dans l’environnement, selon une publication de Greenpeace diffusée dimanche1>Greenpeace suisse, «Abrasion des pneus: donne-nous aujourd’hui notre poison quotidien», 6 octobre 2024.. Une pollution insidieuse qu’on retrouve ensuite dans l’eau, mais aussi dans la chaîne alimentaire. Et certains des adjuvants présents dans ces surfaces de roulement ont également un effet nocif sur la santé. Un rappel utile avant les votations du 24 novembre, où le peuple suisse se prononcera notamment sur plusieurs projets d’élargissement des autoroutes. Même avec une évolution du parc automobile vers une mobilité électrique, moins productrice de gaz à effet de serre, cette pollution perdurera.
On sent que tous les coups seront permis dans cette campagne. Economiesuisse a déjà diffusé un texte qui fleure bon le populisme. Sous prétexte que ‘moins de bouchons égale moins de pollution’, développer le réseau autoroutier serait écolo. ‘Oh, une porte ouverte, je vais l’enfoncer’, ont dû se dire les stratèges du lobby économique. Qui brandissent la menace: «Faut-il que les habitants de Suisse retournent puiser l’eau dans la fontaine, comme au temps de Rousseau?»
Plus sérieusement, les études montrent au contraire que ce type de nouvel équipement générera un nouveau trafic, donc un nouvel accroissement des nuisances. L’enjeu du 24 novembre est bien plus celui des priorités: faut-il investir dans une mobilité du passé ou se projeter vers l’avenir avec un développement de la mobilité collective et durable?
Prétendre que l’on peut tout faire est une entourloupe politique. D’autant plus à l’heure où la fine équipe au pouvoir à Berne fait la preuve de son manque de vision politique à long terme, en multipliant les décisions réactionnaires, les coupes antisociales et les mesures anti-écologiques.
Notes