On nous écrit

De l’art de l’incohérence

Sophie Coulet demande des choix politiques clairs.
Climat

Samedi, gare Cornavin, je lève les yeux… impossible de ne pas remarquer les immenses affiches publicitaires de Swiss qui surplombent le quai des voies 5 et 6 sur lequel je me trouve. Une campagne de pub pour une compagnie ­aérienne sur le quai d’une gare? Passé l’effet de surprise, j’hésite entre y voir cynisme, inconscience ou provocation. Colère.

Nul besoin de rappeler l’impact de l’aviation sur le réchauffement climatique. Par contre, se pourrait-il que notre société soit passée championne toutes catégories de l’incohérence? Nous voilà tiraillés entre une injonction à réduire, voire renoncer à l’avion, et un matraquage publicitaire, autorisé au nom de la liberté économique, qui nous incite à y revenir. Dilemme: l’aviation est un secteur très émetteur de GES, mais vous qui avez choisi ­aujourd’hui le train, «vous souvenez­-vous de cette sensation de légèreté lors de votre premier vol?». Débrouillez­-vous avec ça.

Je ne peux m’empêcher de penser qu’une législation qui permet d’aboutir à la cohabitation de discours aussi contradictoires est parfaite pour brouiller le message que nous envoyons à nos jeunes. On nous dit ensuite qu’ils souffrent d’éco-anxiété ou ne se sentent pas concernés par l’urgence climatique. Quelle surprise!

C’est un peu comme si on leur répétait à l’envi que nous devons réduire drastiquement le recours aux transports individuels motorisés, mais qu’ils apprenaient en même temps qu’un projet d’élargissement des autoroutes estimé à 5,3 milliards étaient en cours. Impensable, non? Bon, visiblement pas, mais totalement incohérent.

Parenthèse autoroutes fermée, je rappellerai simplement que la Ville de La Haye a décidé d’interdire la publicité pour les compagnies aériennes, les croisières et les voitures à essence en raison de la responsabilité des énergies fossiles sur les changements climatiques. A méditer concernant la force de certains choix politiques pour proposer un discours cohérent.

Sophie Coulet, Genève

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