Religions

Veiller malgré les tensions

Lundi 7 octobre, un recueillement interreligieux aura lieu à la Cathédrale. Les violences au Proche-Orient ont pesé sur les communautés et le dialogue que celles-ci entretiennent.
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Veiller malgré les tensions
Lundi soir, juifs et musulmans seront présents à la Cathédrale aux côtés des protestants, des catholiques romains et chrétiens. JPDS
Genève

Le 7 octobre prochain (18h) aura lieu un recueillement interreligieux à la Cathédrale Saint-Pierre. L’Église protestante de Genève a souhaité créer un rassemblement marquant «le début d’une nouvelle période de violences tragiques au Proche-Orient», «un an de souffrances» plus tard. Elle a invité les autres Églises chrétiennes à s’y joindre, ainsi que la Plateforme interreligieuse de Genève (PFIR) et l’Appel spirituel de Genève.

Les affrontements au Proche-Orient se sont aussi invités au sein de la Plateforme interreligieuse, qui regroupe plusieurs communautés juives et musulmanes. Au lendemain des atten-tats de Christchurch contre deux mosquées de la ville néo-zélandaise, en 2019, la Plate-forme avait convoqué un rassemblement. Après le 7 octobre 2023, elle s’était contentée de diffuser une prise de position appelant les communautés religieuses à se distancer des dérives intégristes en leur sein et à refuser toute forme de justification religieuse au recours à la violence. «Cet évènement a généré beaucoup d’émotions qui s’opposent, nous avons été dé-munis pour réagir», reconnaît Agnès Krüzsely, secrétaire de la PFIR et membre de l’EPG.

«Ce qui nous rassemble, c’est la vie de foi, l’élan intérieur» Agnès Krüzsely

Dans un article de fin février 2024, Le Temps citait François Garaï, cofondateur de la Plate-forme interreligieuse de Genève. L’ex-rabbin de la Communauté juive libérale de Genève évoquait «des tensions, notamment avec son ami Hafid Ouardiri à la tête de la Fondation de l’Entre-Connaissance» (lui aussi membre de la PFIR): «On se voit peu en ce moment. Hafid a fait référence dans ses textes à un génocide contre le peuple palestinien. Cela est insupportable car cela ne correspond pas à la situation. L’espace de dialogue s’est rétréci, il y a trop d’émotions de part et d’autre.» Depuis, le dialogue a repris. «Je l’ai remercié d’avoir thématisé cette question, nous explique Hafid Ouardiri: le vrai dialogue est celui qui permet de parler de ce qui fâche, plutôt que de se retrancher dans sa paroisse, sa mosquée ou sa synagogue.» Une publication du directeur de la mosquée des Eaux-Vives, le 12 octobre der-nier, avait aussi heurté les communautés juives. Celles-ci ont demandé que Hani Ramadan se retire du comité de la PFIR.

«Pencher vers la paix»

Au sein de cette dernière, «les tensions ne sont pas totalement nouvelles, et il y en aura toujours», observe Agnès Krüzsely, «mais effectivement, il existe un désaccord que nous sommes en train de dénouer». Lors de l’assemblée générale d’avril, des membres ont demandé à ce qu’une conciliation soit menée entre les deux parties. «Nous travaillons à apaiser les discussions et à définir les règles du dialogue. Notre plateforme englobe différentes communautés et tous les points de vue: il faut pouvoir les entendre, sans exclure.» Agnès Krüzsely ne souhaite pas en dire plus sur un processus en cours et rappelle que la PFIR est avant tout un espace de rencontres et de construction de lien: «Notre spécificité est de vivre ensemble.»

Lundi soir, juifs et musulmans seront présents, via Fran-çois Garaï et Mohamed Levrak, président ad interim de la PFIR et porte-parole de la Fondation culturelle islamique de Genève (ou mosquée du Petit-Saconnex), aux côtés des protestants, des catholiques romains et chrétiens. Hafid Ouardiri y sera aussi: «Bien sûr! Comme musulman, j’applique ce principe: tout ce qui penche vers la paix, je penche avec.»

Pour Agnès Krüzsely, «ce moment méditatif veut partager un espoir pour la paix. Il répond aussi à un besoin: ce qui nous rassemble, c’est la vie de foi, l’élan intérieur. Notre assemblée générale de la semaine dernière aussi a été ponctuée de moments de prière. Cela permet d’ouvrir au dialogue et à l’écoute de l’autre.» Sans nier les difficultés liées à la situation géopolitique actuelle, Agnès Krüzsely se dit confiante dans l’avenir du dialogue interreligieux. «Tant qu’il y a des personnes prêtes à partager, le dialogue est possible.»

Lundi 7 octobre, 18h, recueillement interreligieux, Cathédrale Saint-Pierre, Genève.

Société Religions Dominique Hartmann Genève Israël-Palestine  Gaza

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