Qui arrêtera Israël?
Après Gaza et la Cisjordanie, le Liban.
Mardi à l’aube, l’armée israélienne a lancé une offensive terrestre «ciblée et limitée» dans le sud du Liban. On croira sur parole «l’armée la plus éthique du monde»: en quelques jours, ses bombardements massifs sur le pays du Cèdre ont causé plus de 1000 mort·es, des milliers de blessé·es et un million de déplacé·es. Ils ont aussi suscité une réplique iranienne, sous la forme de dizaines de missiles. Avec le risque d’une escalade incontrôlable.
Après l’explosion d’appareils de communication achetés par le Hezbollah, orchestrée par le Mossad les 17 et 18 septembre, Leon Panetta, ancien directeur de la CIA commentait: «Je ne pense pas qu’il y ait le moindre doute sur le fait qu’il s’agit d’une forme de terrorisme.» Benjamin Netanyahou et son gouvernement étendent aujourd’hui au Liban les méthodes utilisées à Gaza: celles d’un terrorisme d’Etat ciblant civil·es et infrastructures essentielles.
«Israël est en train de gagner», exultait Benjamin Netanyahou le 29 septembre. Ira-t-il jusqu’à frapper l’Iran, comme il en a fait la menace? L’euphorie du premier ministre est compréhensible. Tout au long de l’année écoulée, il a pu compter sur le soutien indéfectible des principaux Etats occidentaux, Etats-Unis en tête: c’est leur blanc-seing – doublé de leurs livraisons d’armes – qui a rendu possible le génocide entamé à Gaza le 7 octobre. Lloyd Austin, le secrétaire étasunien à la Défense, s’est d’ailleurs empressé d’apporter son soutien à l’offensive contre le Liban.
Comme le soulignent Alain Gresh et Sarra Grira, «cette Nakba [catastrophe en arabe] palestinienne qui n’en finit pas et cette destruction en règle qui s’accélère au Liban ne sont pas seulement des crimes israéliens, mais aussi des crimes occidentaux, dans lesquels Washington, Paris et Berlin portent une responsabilité directe»1>Orient XXI, 30 septembre 2024. Parmi les complices de Netanyahou et de sa clique, on peut ajouter la Suisse: le Conseil fédéral n’a pas eu un mot de condamnation face aux attaques israéliennes contre le Liban – prolongeant ainsi son silence honteux sur Gaza, après avoir plaidé «le droit d’Israël à se défendre».
S’il s’explique en partie par des intérêts économiques et géostratégiques, cet appui occidental s’inscrit aussi dans une vision coloniale et raciste partagée – celle qui permet de déshumaniser l’indicible souffrance subie par des centaines de milliers personnes, en la réduisant au comptage macabre mais abstrait des victimes de l’armée israélienne.
Dans cet engrenage infernal, une lueur d’espoir: aux quatre coins de la planète, une large solidarité populaire continue à s’exprimer avec le peuple palestinien. Et s’étend désormais à la population libanaise.
Notes