AVS 21: Exiger un nouveau vote
Sans les chiffres erronés de l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS), il est plus que probable qu’une majorité des votant·es aurait refusé l’élévation de l’âge de la retraite des femmes de 64 à 65 ans en 2022. Comme le souligne Le Matin Dimanche dans sa dernière édition, un tiers des personnes qui ont soutenu AVS21 dans les urnes l’ont fait par préoccupation pour l’avenir financier de la principale assurance sociale du pays.
Confronté à une forte opposition animée par les syndicats et le mouvement féministe, Alain Berset avait mené la campagne du «oui» en multipliant les pronostics alarmistes. «Les recettes ne suffiront bientôt plus à couvrir toutes les rentes», martelait le conseiller fédéral socialiste. Une affirmation basée sur des chiffres fantaisistes: selon la télévision publique alémanique, les erreurs cumulées de l’OFAS se montent à 14,2 milliards de francs pour la période allant de 2027 à 2033!
Pour les salariées helvétiques, le prix à payer sera lourd. Dès 2028, les femmes devront trimer une année de plus pour avoir droit à une retraite, souvent maigre. Les conséquences seront d’autant plus douloureuses que la pénibilité prend l’ascenseur dans de nombreux secteurs, notamment la santé et le social où les travailleuses sont surreprésentées.
Sur le terrain, l’élévation de l’âge de la retraite se soldera donc par des milliers de dos cassés, d’épuisements et d’invalidités supplémentaires – sans compter les chômeuses de longue durée plongées dans la précarité par le report de l’âge de la retraite. Tout cela au nom d’une «crise financière» montée de toutes pièce et instrumentalisée par le camp bourgeois dans sa campagne permanente contre l’AVS – qui a pourtant bouclé ses comptes 2023 sur un excédent de 2,9 milliards de francs!
Dans ce contexte, exiger une nouvelle votation sur l’âge de la retraite des femmes s’impose comme une revendication démocratique élémentaire – et un signe minimal de respect pour les millions de travailleuses, pour une large part privées du droit de vote, sans lesquelles rien ne fonctionnerait dans notre pays.
La droite et le Conseil fédéral feront tout pour éviter ce retour aux urnes. Pour l’imposer, il faudra donc plus que les recours en justice, certes nécessaires, déposés par le Parti socialiste et les Vert·es. Seule une vaste campagne unissant syndicats, mouvement féministe et partis de gauche en faveur d’une retraite à 64 ans – et, pourquoi pas, pour les femmes et les hommes – pourra se montrer à la hauteur des enjeux.