Édito

Un petit caillou dans la chaussure d’Israël

Un petit caillou dans la chaussure d’Israël
Vendredi, la Cour internationale de justice (CIJ) a jugé que l’occupation par Israël des territoires palestiniens, ici Gaza, est illégale et qu’elle doit cesser «le plus rapidement possible». KEYSTONE
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L’arrêt est crucial mais n’a pas fait grand bruit. Vendredi, la Cour internationale de justice (CIJ) a jugé que l’occupation par Israël des territoires palestiniens est illégale et qu’elle doit cesser «le plus rapidement possible». Rien de très original puisqu’une multitude de résolutions de l’Assemblée générale des Nations unies le rappelle depuis plus de cinquante ans. Mais le fait que la plus haute juridiction de l’ONU le déclare aujourd’hui devrait, en théorie, peser de tout son poids.

La «communauté internationale» doit obéir à la «nécessité urgente» de mettre fin à cette présence illicite, nous dit la Cour. Une occupation militaire qui se traduit par
le «transfert forcé» des Palestinien·nes, la destruction de leurs maisons et de leurs propriétés, l’exploitation des ressources de la population et l’établissement
de colonies extensives, a précisé la CIJ.

Depuis le 7 octobre, cette colonisation s’est accélérée comme jamais. Le fait que ce jugement soit superbement ignoré par la communauté internationale et ne fasse pas la Une des médias n’est guère surprenant. En janvier dernier, la même cour avait reconnu les risques de génocide en cours de la part d’Israël à Gaza et avait ordonné des mesures provisionnelles pour y mettre fin. Pourtant, aucun des Etats occidentaux, les seuls à avoir un pouvoir d’influence réel, n’a pris les devants comme l’enjoignait la CIJ. Aucune sanction ni menace de rétorsions pour stopper le carnage criminel causé par les bombardements de zones peuplées par des civil·es.

Les Etats-Unis et l’Allemagne ont poursuivi et poursuivent encore leurs livraisons à Israël d’armes utilisées pour commettre des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Israël continue à participer à l’Eurovision et aux Jeux olympiques alors que la Russie en est bannie.

Après des hôpitaux, des ambulances, des locaux de l’ONU, des camps de réfugiés, ce sont ces jours des écoles qui sont écrasées par les missiles. Toujours aucune mesure de rétorsion occidentale si ce n’est quelques protestations diplomatiques pour calmer l’opinion. Depuis l’arrêt de la CIJ de janvier enjoignant les Etats à agir, le nombre de morts a pratiquement doublé, voire aurait atteint le chiffre hallucinant de 186 000 en comptant les victimes indirectes 1>A en croire la publication «Counting the dead in Gaza: difficult but essential», The Lancet (10 juillet 2024). www.thelancet.com. C’est désormais aussi la famine qui sévit.

La Cour internationale de justice ne semble avoir qu’un rôle symbolique, déclaratif et historique quand les intérêts des grandes puissances sont en jeu. On se souvient qu’il y a tout juste vingt ans, elle avait déjà déclaré illégale la construction du mur de séparation entre la Cisjordanie et Israël. En vain.

Aussi, l’arrêt rendu vendredi n’a d’autre effet à court terme que de renforcer la légitimité de la résistance des Palestinien·nes et de leurs soutiens populaires dans le monde entier. L’histoire de la lutte des peuples opprimés, dont celle des noirs sud-africains, nous a enseigné qu’aucun assujettissement n’est durable à long terme. L’apartheid sera démantelé tôt ou tard.

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