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Quel compromis avec la Russie?

Marc Ribeaud livre son analyse de la guerre en Ukraine.
Guerre en Ukraine

Quels sont les intérêts des Etats-Unis à déstabiliser la Russie maintenant et à la pousser dans le giron chinois? Dans les années soixante du siècle passé, commentant la fin de la colonisation française en Afrique que l’URSS avait très justement contribué à démanteler, Jacques Soustelle, ministre français, anticipait que la Russie pourrait être la prochaine grande cible de la décolonisation. Un coup d’œil à la carte suffit. Le, à l’époque, presque milliard de Chinois n’allait pas laisser les quelque 100 millions de Russes exploiter éternellement leur arrière-pays vers le nord, la Sibérie. En fait, depuis des décennies, les Chinois avancent lentement, sans armes. Ils colonisent commercialement ces territoires. Le contrat de gazoduc qui vient d’être signé avec Moscou va encore renforcer l’emprise chinoise sur cette région qui peu à peu passera sous leur contrôle.

Les Américains ne sont pas toujours très probants dans leur analyse. Mais sont-ils assez aveugles pour aujourd’hui pousser la Russie dans les bras de leur principal concurrent et fournir des arguments à Trump? Heurter les Américains de «Make America Great Again» et envoyer Ukrainiens et Russes à la boucherie. Si l’on en croit Christophe Koessler (Le Courrier du 13 juin) c’est bien ce que Biden et son équipe auraient fait en empêchant l’Ukraine d’accepter un compromis avec la Russie.

Les seuls qui ont un intérêt à la poursuite de la guerre, ce sont bien évidemment les fabricants d’armement. De part et d’autre cette guerre sert à vider les stocks pour mieux réarmer. Est-ce une raison suffisante pour Biden de risquer sa réélection?

Vue d’Europe, de l’Est spécialement, le voisin russe étant une puissance nucléaire, doit-on se plier à ses appétits de territoires, mais aussi de zone d’influence pour ses oligarques, ses popes et ses militaires? Les puissances nucléaires ont-t-elle de facto le droit d’exiger une capitulation parce que on ne peut pas appeler autrement l’offre de paix de Poutine? Si s’incliner est la seule option, à quoi servent encore des journaux scrupuleux comme Le Courrier et les défilés pour la paix juste?

Marc Ribeaud,
Delémont

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