On nous écrit

Monstrueux!

Léon Meynet s’émeut d’une certaine banalisation des horreurs guerrières.
Guerre en Ukraine

En voyant un jeune trentenaire amputé des deux jambes à mi-cuisse recouvertes de bandages dans un fauteuil roulant à un arrêt de bus à la sortie d’Annemasse, j’ai immédiatement pensé à la guerre en Ukraine.

Combien sont-ils/elles dans le même cas sinon pire ou morts/es jusque-là dans ce conflit débile ? Des centaines, des milliers de part et d’autre qui n’auront plus aucune chance de refaire leur vie si ce n’est d’être glorifiés/es comme des héros/héroïnes avec médailles militaires à l’appui. Ça leur fait «une belle jambe» à eux/elles qui ont perdu leurs membres, leurs espoirs, leur vie!

Nous avons souvenance dans les années 70, avec le retour des soldats américains du Vietnam, des images qui avaient fait le tour du monde et avaient provoqué une immense mobilisation antiguerre et anti-américaine. Plus de 3 millions et demi de militaires et de civils vietnamiens tués et aujourd’hui encore l’usage du napalm et du défoliant agent orange ont des conséquences sur les nouveaux-nés. Le mouvement hippie, «peace and love», était né de cet insupportable état de fait.

Mais aujourd’hui dans un tout aussi épouvantable conflit entre la Russie et l’Ukraine, rien. Il faut dire que les images sont soigneusement filtrées comme si les photographes de guerre n’existaient plus. Aucune photo de soldats au front, de combats âpres et sans merci, si ce n’est pour de vagues tirs d’artillerie dont on ne voit ni les conséquences sur les militaires, officiers ou simples troufions touchés ou tués. Par contre oui, quelques civils et les démolitions d’immeubles en tout genre pullulent dans nos rétines. Tout se passe comme si nous étions dans un film où il y a les bons (les Ukrainiens) et les méchants (les Russes). Et pourtant, qu’ils/elles soient de l’un ou l’autre bord, les blessures, leurs blessures, restent meurtrières et irréparables. Nous nous contentons de compter les points dans une ambiance de satisfaction générale – pourvu que l’eau de notre piscine soit chaude, que les futures vacances soient belles – réconfortés/es par la stabilisation apparente de notre pays. Pendant ce temps là les deux coqs irresponsables, Poutine – Zelinsky, pérorent, se narguent et envoient sans états d’âme leurs citoyens/nnes au billot gonflés par l’orgueil national.

Leurs vies, leurs blessures physiques, psychologiques, ils n’en ont rien à foutre car il faut, quel qu’en soit le prix en vies humaines, que l’un ou l’autre morde la poussière. Dans ce stupide jeu là l’Ukraine est dopée par l’Europe et l’OTAN et son président ne manque aucune harangue pour remettre de l’huile sur le feu en nous culpabilisant de notre inaction ou de notre manque de réaction à la fourniture d’armes lourdes quitte à faire de l’Est de l’Europe un second Vietnam et un grand charnier. Seuls les Indes, les pays d’Amérique du Sud, l’Afrique et la Chine bien sûr prennent soin de garder leurs distances de cet irréparable gâchis de sacrifices humains.

Il est temps d’ouvrir les yeux et de sauver ce qui peut encore l’être mais en tout cas pas nous laisser endormir par les douces chimères de la propagande OTAN/UE/USA/GB puisque l’adversaire est depuis longtemps privé de toute communication visible ou audible, car ce sont d’abord des vies humaines qui sont en jeu. Les massacres, non merci, on en veut plus. Les citoyens/ennes de tous les pays du monde ont assez donné!

Léon Meynet, Chêne-Bougeries

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