Le premier tour, dimanche, des législatives françaises sera l’occasion d’un pointage des rapports de force dans l’Hexagone. L’extrême droite va-t-elle confirmer sa percée réalisée lors des européennes et arriver au pouvoir? L’union des gauches constituera-t-elle un rempart contre le risque d’une fascisation du paysage politique? Le naufrage du macronisme sera-t-il acté? Jusqu’où les Républicains résisteront-ils aux sirènes des troupes de Marine Le Pen?

L’enjeu est de taille. C’est à un véritable naufrage qu’on a assisté. Politique d’abord. La porosité entre l’extrême droite et la droite traditionnelle est pour le moins inquiétante. Des élections précédentes avaient déjà donné le ton, le refus alors de certain·es élu·es de droite de jouer la carte du front républicain ne laissait pas d’inquiéter.

Plus largement, le pourrissement du discours politique, avec la montée en puissance d’un racisme décomplexé sur fond d’islamophobie, est révélateur. Avec, cerise sur le gâteau, un alignement néoconservateur généralisé dans le cas de l’embrasement du Proche-Orient, aboutissant à entériner des pratiques génocidaires dont la France – mais pas qu’elle – sera comptable au regard de l’histoire.

Cela s’explique aussi par un second naufrage, médiatique celui-là. Ce bilan devra encore être tiré à tête reposée. Pour l’heure, les grands médias – audiovisuels surtout, la presse a mieux résisté – nagent en plein déni. Les éditocrates qui ont leur rond de serviette sur les grandes chaînes ont contribué à la banalisation de thèses clairement en-dehors des règles démocratiques.

On entend tout de même des propos suggérant que des déportations seraient une bonne chose ou que les règles de l’Etat de droit sont un obstacle dont il serait loisible de se libérer. Cela aurait dû donner lieu à un sursaut. Il n’a pas eu lieu. On reste pantois en entendant que mieux vaudrait le Rassemblement national qu’un Front populaire incluant la France insoumise!

Cet alignement servile sur cette dérive idéologique promet des réveils douloureux.