Suisse

Caritas exige des mesures

L’organisation d’entraide s’alarme: trop de personnes ont de la peine à payer leur loyer.
Caritas exige des mesures 1
Le 23 mars dernier, des manifestants à Genève dénonçaient la hausse des loyers.  KEYSTONE-ARCHIVES
Logement

«Un papa cherche un appartement pour pouvoir accueillir ses deux enfants chez lui. Depuis sa séparation, il ne trouve pas de logement stable et vit en partie chez sa famille. Son revenu est de 4000 francs par mois. Pour pouvoir accueillir ces derniers, il aurait besoin d’un minimum de trois pièces. Le loyer mensuel moyen est de 1872 francs, soit 46% de son revenu. »

L’exemple de ce père genevois n’est de loin pas le seul. Caritas est confrontée quotidiennement à des personnes en difficulté concernant les questions de logement, à l’heure où les loyers augmentent fortement. L’organisation lançait un cri d’alarme ce mardi lors d’une conférence de presse à Berne.

Deux demandes de Caritas

«Il est grand temps que la Confédération, les cantons et les communes assument leurs responsabilités et prennent conscience de la gravité de la situation», martèle ainsi le directeur de Caritas Suisse Peter Lack.

A l’image des aides proposées dans plusieurs cantons – Genève, Bâle-Ville, Bâle-Campagne et dans les communes vaudoises et tessinoises – Caritas soutient l’introduction de contributions au loyer.

«Les fondations qui prennent en charge les cautions de loyer et les garanties pour les ménages vulnérables peuvent jouer un rôle important à cet égard, mais elles ont besoin du soutien et des encouragements nécessaires de la part de l’Etat», illustre le directeur. «Dans le canton de Genève, le canton octroie une allocation logement selon des barèmes fixés notamment en fonction du revenu», ajoute Sophie Buchs, directrice de l’antenne genevoise de Caritas.

«Il est grand temps que la Confédération, les cantons et les communes prennent conscience de la gravité de la situation»
Peter Lack

Peter Lack appelle également les collectivités publiques à s’engager. «Les cantons et les communes disposent des compétences nécessaires et des instruments adéquats pour créer davantage de logements abordables.»

Dans la pratique, Caritas suggère notamment d’adapter les directives de planification pour les rénovations et les nouvelles constructions ou encore de promouvoir des partenariats public-privé avec le secteur des organisations à but non lucratif. «Mais les sociétés immobilières et les caisses de pension ont également des possibilités de mettre sur le marché des logements abordables», ajoute le responsable.

Des consultations quotidiennes

De leur côté, plusieurs chambres immobilières réunies en une Union pour le logement ont récemment publié un communiqué de presse appelant à prendre des mesures pour combattre la pénurie d’habitations. Elles demandent entre autres une simplification des procédures pour la construction et un allègement des normes et appellent à davantage de «densification de qualité» dans les villes et les agglomérations. L’Union exige également de mettre fin au droit de préemption des collectivités publiques, droit qui leur permet d’acquérir prioritairement des biens immobiliers, et de mettre fin au contrôle étatique des loyers.

Sophie Buchs réagit: «Nous partons du même constat, mais parlons de deux points de vue différents. Caritas analyse les choses du côté des personnes en situation de précarité ou de pauvreté. Une plateforme commune permettrait de trouver des points de convergence nécessaires. Nous restons persuadés que les collectivités publiques doivent posséder une part des logements pour proposer des loyers abordables. » Et de citer l’exemple d’un studio en main d’une fondation d’utilité publique, dont le loyer mensuel s’élève à 600 francs, alors qu’il en coûterait environ 1000 sur le marché privé.

En 2023, 31% des demandes adressées pour une aide ponctuelle à Caritas Suisse concernaient le logement. Ce constat est corroboré par les retours de l’antenne fribourgeoise de l’organisation. «La problématique du logement est quasi quotidienne dans nos consultations», confirme Anne-Pascale Collaud, responsable des consultations sociales.

«Nous octroyons des aides financières annuelles de 100 000 à 120 000 francs pour des dépannages urgents liés au paiement des loyers, afin d’éviter une dégradation imminente de la situation. Notre action vise principalement à prévenir la perte du logement, car il est très difficile pour les personnes en situation de précarité d’en retrouver un une fois qu’elles l’ont perdu.» LA LIBERTÉ

 

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