A la recherche d’idées simples, mais justes!
Les pires humains ont parfois des idées intéressantes. Dans le chaos économique et politique du monde actuel, dont beaucoup cherchent vainement les causes, une citation de Goebbels, chef propagandiste du Troisième Reich, apporte un élément de réponse essentiel. «Donnez-moi la propagande et, quel que soit le régime (…), j’emmènerai le peuple où vous voudrez!» Certes, la méthode n’était pas nouvelle, mais il la résumait bien et l’a appliquée avec succès à des millions de gens jusqu’à la chute finale. La propagande consiste à transplanter dans la pensée consciente et inconsciente des gens des idées arbitraires, exactes ou fausses, utiles ou néfastes pour le sujet et sa communauté, sans tenir compte de leur valeur pratique ou morale ni de leurs conséquences à terme.
La propagande fonctionne au mieux si elle est simple et s’adresse à des sujets vulnérables, qui n’ont pas été formés à la déceler et à la critiquer. Elle est particulièrement efficace pendant l’enfance, vis-à-vis de sujets inexpérimentés que l’on expose à des discours sans alternative. Dès le début elle fait usage des émotions, en associant du plaisir à ce que l’on doit aimer et de la peur ou de la colère à ce que l’on doit détester. C’est la base de toutes les religions révélées et de leurs aberrants contes de fées présentant comme vérités historiques des récits de miracles et autres événements surnaturels. C’est aussi le principe des manipulations qui conduisent à consommer n’importe quel produit, aussi nocif, inutile ou toxique soit-il, par des publicités mensongères jouant sur les affects. Du tabac aux boissons gazeuses, du foot professionnel aux produits de désinfection sanitaire, des «obligations» culturelles aux choix politiques, notre quotidien subit l’intrusion permanente de publicités et de propagandes sur des supports et par des méthodes dont Goebbels n’a sans doute même pas rêvé.
Tout ceci porte gravement préjudice aux libertés individuelles et collectives en menant les foules n’importe où, souvent à l’opposé de leurs intérêts, au profit de manipulateurs avides d’argent ou de pouvoir. Cela explique l’obsession de mainmise sur le système éducatif des prêtres et des dictateurs, associés ou pas, selon l’histoire. Mais, vue l’incompétence sociale des nourrissons à la naissance, il faut bien passer par une éducation qui, à ses débuts, ne peut être qu’un conditionnement totalitaire. Ne serait-ce que pour des raisons de survie et de sécurité: on n’apprend pas à bien traverser la rue par la démocratie! La dialectique, dans ce domaine, vient après une répression nécessaire à court terme. Le problème est de savoir si l’on apprendra seulement à obéir et à suivre le mouvement culturel local, ou bien si l’on se verra proposer des alternatives, lesquelles et comment.
Les prétendues démocraties occidentales font croire que leurs peuples sont libres de presque tous leurs choix. De quelle liberté s’agit-il quand une tête de nœud de l’UDC vous agresse en trois mètres sur deux au flanc d’un tram et la Migros par des vidéos en boucle à l’intérieur du même véhicule? Quand l’argent et le commerce contrôlent la propagande et quand tous les supportrice·teurs portent la même casquette pour des boissons alcoolisées dans les fan zones? Et personne n’est prêt à y renoncer parce qu’on leur a appris à prendre plaisir à hurler ensemble pour des causes sans intérêt et assuré que ce qui demande réflexion ou effort ne vaut pas la peine…
Les marchands et les politiques gouvernés par l’argent nous ont fabriqué un monde virtuel, dépourvu de sens social, indifférent aux valeurs morales que certaines philosophies et religions avaient introduites par empathie ou bien pour préserver une paix sociale essentielle aux activités humaines. Respect de tous les humains même différents, respect de la vie, justice pour toustes et police minimale ne sont plus des bases de l’éducation depuis que Margaret Thatcher a acté la totalitarisation du capitalisme avec son «Il n’y a pas d’alternative».
Dédé-la-Science, chroniqueur énervant.