Mêmes tendances, valeurs différentes
Retour aux fondamentaux? Lors des dernières élections fédérales, l’Union démocratique du centre (UDC) et le Parti socialiste suisse (PSS) ont gagné des voix en se concentrant sur les préoccupations de leurs bases respectives. L’extrême droite en capitalisant sur la peur de l’immigration, et le PSS en défendant le pouvoir d’achat.
C’est ce que relève l’étude Selects1>Anke Tresch, Line Rennwald, Lukas Lauener, Georg Lutz, Nursel Alkoç, Romane Benvenuti et Oscar Mazzoleni «Elections fédérales 2023. Participation et choix électoral», 20 juin 2024., réalisée par l’institut FORS (le Centre de compétences suisse en sciences sociales) à Lausanne.
A gauche, le parti à la rose a raflé une partie de l’électorat écologiste. Les Vert·es n’ont réussi à retenir, par rapport à l’élection précédente de 2019, que 54% des électeurs et électrices qui avaient alors voté pour eux. Un quart de cet électorat a filé directement au PSS.
On constate aussi que le ce dernier a réussi à convaincre un électorat jeune. Il est devenu – avec l’UDC – le premier parti de Suisse en nombre d’électrices et électeurs au sein de la catégorie d’âge des 18-24 ans! Et il s’est même payé le luxe de se poser en alternative crédible des Vert·es sur les questions environnementales.
Deuxième enseignement de cette recherche: le centre-droit de l’échiquier politique est en recomposition. Le Parti libéral-radical (PLR) se fait tailler des croupières par l’UDC. Un cinquième des personnes qui pensaient voter pour lui se sont rabattues sur cette dernière en cours de campagne. L’érosion du PLR se fait sur sa gauche – le Centre, qui semble avoir gagné son pari d’une nouvelle raison sociale – et sur sa droite – l’UDC. Cette tendance à l’érosion s’inscrit sur la durée. Cela explique peut-être les surenchères populistes du PLR, la dernière en date étant l’attaque un brin lunaire contre l’école inclusive. Un vent de panique soufflerait-il sur cette formation?
Enfin, troisième enseignement de cette recherche fort riche: la polarisation politique fait que les candidats du PSS et de l’UDC sont respectivement plus à gauche et plus à droite que leurs bases respectives. Ainsi, la base du parti blochérien est hostile, contrairement à ses élus, aux attaques contre le relèvement de l’âge de la retraite et favorable à un salaire minimal garanti de 4000 francs.
Ce qui montre que les combats menés sur ces questions sociales peuvent être gagnés par la gauche et ouvre des perspectives progressistes. Pas une mince nouvelle en ces temps politiquement moroses.
Notes