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Incendie des Tattes, dernier épisode

Le verdict du procès de l’incendie des Tattes sera rendu publiquement le 4 juin. Près de dix ans après les faits, Solidarité Tattes, le collectif de soutien aux résidents du foyer constitué à la suite du drame, livre ses impressions avant l’audience.
Genève

Dans la nuit du 16 au 17 novembre 2014, un incendie ravageait un des bâtiments du foyer des Tattes, entraînant la mort d’un des requérants d’asile qui y résidaient et la défenestration d’une quarantaine d’entre eux. En février 2015, nous avons rencontré les sinistrés et aussitôt créé le collectif Solidarité Tattes. Chaque année, en novembre, nous nous sommes rassemblé·es aux Tattes, sous la plaque apposée à notre initiative sur le mur du bâtiment I.

En 2022, nous avions suivi un procès bouleversant, avec la présence du père de Fikre Seghid, le jeune Erythréen mort dans l’incendie; celle de Steve, rescapé d’un saut du 3e étage et toujours affecté par des douleurs qui ne lui laissent aucun répit; celle d’Ayop, débouté de l’asile et empêché de se former et de travailler; et celle de tous les autres, présents, muets, ne sachant ce qu’il y avait à attendre de tous ces discours.

A l’issue de ce procès, où il avait été surtout question de la négligence des requérants d’asile qui avaient fumé et cuisiné dans les chambres, les inculpés reconnus coupables se trouvaient bel et bien dans les rangs des plus faibles: le résident de la chambre dans laquelle le feu avait pris, ainsi que les agents de sécurité Protectas, impréparés matériellement et psychologiquement à prévenir et gérer la gabegie survenue dans la nuit du 16 au 17 novembre 2014. Quant à l’Etat, il ressortait blanchi en la personne du responsable de la sécurité incendie de l’Hospice général. Entre 2014 et 2022, il avait donc fallu huit ans à la justice pour rendre l’injustice.

En mars 2024, pour le procès en appel, le public s’est montré peu motivé. Que pouvait-il bien advenir de nouveau? Pourtant, la plupart des plaidoiries ont frappé sur la même tête: la responsabilité du coordinateur de la sécurité incendie de l’Hospice général semble avoir été désignée, cette fois, de manière claire et définitive.

Ce mardi 4 juin prochain à 17h, le verdict sera lu lors d’une audience publique. Dix ans après les faits, nous serons là pour écouter. Si l’accusé n’est pas le responsable incendie de l’Hospice général, si l’Etat n’est pas déclaré coupable, alors le Palais de Justice doit se reconvertir en théâtre ou en salle de jeux.

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