Protestations d’usage
La Poste va fermer environ 23% de ses offices, soit 170 guichets sur les quelques 720 bureaux actuels. La nouvelle a été annoncée hier par le directeur de l’ex-régie publique, Roberto Cirillo. A terme, il restera 600 postes officielles et 2000 épiceries avec un comptoir dévolu au géant jaune.
Cela se fera évidemment au détriment des prestations: les actuelles postes fusionnées voient déjà les files d’attente s’allonger, les prestations baisser et les prix augmenter. Exit le service public et vive la concurrence! Cela ne va pas s’arranger avec la restructuration programmée.
De leur côté, syndicats et partis de gauche tirent la sonnette d’alarme. C’est sans doute opportun, mais un brin d’autocritique serait de mise. Car la privatisation de la Poste, à la fin des années 1990, fut acquise avec les voix de la gauche. Et les tenants d’un référendum au niveau syndical avaient été remis au pas. Le fait que Christian Levrat, leader du Parti socialiste suisse pendant douze ans, ait été porté à la présidence du géant jaune aurait dû mettre la puce à l’oreille des plus méfiant·es.
On ajoutera que la Poste n’a guère le choix. Privatisée – quand bien même la Confédération en reste propriétaire – dans un marché libéralisé, elle est vouée à dégager des bénéfices. Et elle subit de plein fouet les changements de comportement des usagers qui utilisent de plus en plus les moyens de payements électroniques et ont de moins en moins recours au courrier.
Celles et ceux qui pâtissent de ce recul du service public seront les plus fragiles, les seniors, les personnes dépendantes d’une aide pour des tâches administratives. Une réponse politique à ce démantèlement serait une renationalisation. Mais qui serait prêt à porter un tel projet, au-delà des protestations d’usage?