Silence helvétique face à Rafah
Quarante-cinq mort·es et 279 blessé·es. C’est le bilan provisoire du bombardement, dimanche 26 mai, d’un centre de réfugié·es de l’UNRWA à Rafah – un camp de tentes pourtant désigné comme «zone humanitaire» par Israël. Une horreur de plus après les bombardements presque continus d’Israël sur Gaza depuis le 7 octobre.
Deux jours plus tôt, la Cour internationale de justice (CIJ) avait sommé le gouvernement sioniste d’arrêter immédiatement son offensive militaire contre Rafah, après que le procureur de la Cour pénale internationale a mis en accusation le premier ministre israélien Netanyahou pour crimes contre l’humanité. En parallèle, la CIJ exigeait la réouverture d’un point de passage indispensable pour acheminer une aide humanitaire vitale vers la population palestinienne. En vain.
Le 26 mars, deux mois jour pour jour avant ce nouveau massacre, Francesca Albanese, rapporteure des Nations unies sur la question des droits humains en Palestine, présentait un rapport au titre sans équivoque: «Anatomie d’un génocide.» Elle y écrivait que «la nature et l’ampleur écrasantes de l’assaut israélien sur Gaza et les conditions de vie destructrices qu’il a infligées révèlent une intention de détruire physiquement les Palestiniens en tant que groupe».
Le message délivré dimanche par l’Etat sioniste est limpide. Fort du soutien indéfectible du gouvernement de Joe Biden – qui a annoncé le 14 mai l’envoi d’une nouvelle livraison d’armes à Israël, pour un montant d’un milliard de dollars –, il entend continuer cette entreprise de destruction systématique. Dans le mépris le plus complet du droit international et des institutions censées le faire appliquer.
Le bombardement du camp de réfugié·es à Rafah a déclenché une vague de condamnations. Au moment où nous rédigions ces lignes, le Conseil fédéral, en revanche, s’illustrait par son silence. Sept mois et 36’000 mort·es après le déclenchement de l’offensive contre Gaza, le gouvernement suisse n’a qu’une annonce marquante à son actif: celle de la réduction de moitié de sa subvention à l’UNRWA, la seule organisation capable de répondre un peu à la terrible crise humanitaire qui frappe la population palestinienne.
Emmené par Ignazio Cassis, l’exécutif helvétique se rend à nouveau complice du gouvernement criminel de Benjamin Netanyahou. Rappelons que, fin 2023, le ministre des Affaires étrangères avait remis en cause l’applicabilité du droit de la guerre à Gaza en invoquant le droit d’Israël à se défendre (lire notre éditorial du 2 novembre dernier).
Une complicité heureusement dénoncée par l’impressionnant mouvement de solidarité avec la Palestine – qui, malgré la répression, continue à s’affirmer dans les rues et sur les campus helvétiques.