Édito

Genferei nationale

Genferei nationale 1
Une surélévation au Quai du Cheval-Blanc, à Genève. KEYSTONE/IMAGE D'ILLUSTRATION
Logement

La droite genevoise aime à se gausser des Genfereien. Surtout lorsqu’il s’agit de brocarder la ville du bout du lac au sein de la Berne fédérale. Mais une fois n’est pas coutume, ses élu·es au niveau suisse veulent exporter les spécificités genevoises dans tout le pays. Hier, la conseillère nationale PLR Simone de Montmollin a défendu une pétition portée par sa formation politique visant à promouvoir les surélévations. Il s’agira de motiver les cantons et les communes, puisque la Confédération n’est pas maîtresse en la matière, à assouplir les normes afin de faciliter la construction d’étages supplémentaires sur les bâtiments existants.

Une possibilité qui existe à Genève depuis 2008 avec, pour le moins, un succès mitigé et de vives oppositions. Alors que les promoteur·rices du texte promettaient entre 3000 et 5000 nouveaux logements, seuls quelque 1500 appartements ont vu le jour. Particularité, 81% de ces constructions ont été réalisées en ville, au grand dam des habitant·es pour qui le mantra du «construire la ville en ville» s’apparente à un «bourrage» des quartiers, tout sauf désirable. Ainsi, vendre la surélévation comme un des possibles remèdes miracles à la pénurie de logements qui fait rage en Suisse relève du mirage. Tout au plus cela permettra-t-il de loger quelques personnes privilégiées, puisque ce sont essentiellement des appartements destinés aux catégories sociales aisées qui sont érigés sur les toits. En 2023, le canton du bout du lac a accueilli près de 6600 personnes. Dans le même laps de temps, un peu moins de 4000 nouveaux logements ont été mis à disposition de la population, parmi lesquels 204 issus de surélévations. Une paille.

Une paille qui s’apparente néanmoins à un cauchemar pour celles et ceux qui subissent ou subiront d’importants travaux. Puis, pour les habitant·es des quartiers qui dénoncent aujourd’hui déjà des infrastructures qui ne suivent pas et des nuisances en augmentation. Les occupant·es actuel·les des centres urbains attendent de leurs autorités des aménagements qui pacifient les rues, les verdissent et les rendent accueillantes. Bourrer la ville ne va pas dans ce sens. Cela n’empêchera pas le mitage du territoire, déjà fortement entamé pour cause d’appétence pour les villas. Au contraire, il est aujourd’hui nécessaire de concrétiser la ville au quart d’heure et de penser à des agglomérations multipolaires plutôt que concentriques relevant d’un urbanisme du passé.

Opinions Édito Maria Pineiro Logement

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