AVS: vers un bis repetita?
Financement de la treizième rente AVS, un rapport de force s’engage. Le Conseil fédéral a présenté mercredi sa feuille de route pour assurer le financement de cette augmentation du premier pilier du système de prévoyance sociale. Deux variantes sont mises dans la balance: une augmentation des cotisations sociales de 0,8% (à répartir entre employeurs et employés, soit 0,4% chaque fois); soit un mix entre une hausse des cotisations sociales de 0,5% complétée par une nouvelle hausse de 0,4 point de la TVA.
Les milieux patronaux et de droite y sont allés de leurs larmes de crocodile. Ainsi, le fait de verser effectivement une treizième rente (plutôt que d’augmenter le montant de l’AVS sur les douze mois) compliquerait outre mesure la tâche des caisses de compensation. Sans doute une nouvelle preuve du manque d’efficience du privé, serait-on tenté d’ironiser.
Et surtout, ces forces politiques plaident pour un relèvement du taux de TVA en lieu et place des cotisations sociales. Rien que de très logique. Le premier est un mécanisme antisocial, un impôt régressif qui touche davantage les revenus modestes que les riches. Inversement, les cotisations sociales ne sont pas plafonnées, les gros revenus paient d’avantage tout en touchant à l’arrivée une rente plafonnée.
Un mécanisme égalitaire qui heurte la république des privilèges portée par ces milieux. Quoi que prétende la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider, chargée du dossier, qui voit dans la seconde option une manière de fiscaliser la charge de la prévoyance plutôt que de faire porter l’effort sur les salaires.
Contradictoire. Car dans la foulée, la Confédération annonce sa volonté de réduire sa part versée directement au financement de l’AVS de 20,2% à 18,7%. Une manœuvre pernicieuse. Une manière de soulager les finances fédérales rendues fragiles à coups de cadeaux fiscaux profitant aux nantis.
C’est bien le rôle redistributif de l’édifice de prévoyance qu’il s’agit de contenir. Le peuple a envoyé un message de justice sociale au gouvernement le 3 mars. On voit qu’il est tenté sinon de le contourner, du moins d’en limiter les effets. Une manière d’enfoncer le clou sera bien sûr de soutenir en votation le 9 juin l’initiative visant à mettre fin au racket des primes d’assurance-maladie qui jette des pans entiers de la population dans le besoin. Cela constituerait un message politique fort, en tous les cas à même de répondre à la spirale antisociale qui lamine tout sur son passage