Édito

Une lueur d’espoir ou un tournant?

Une lueur d'espoir ou un tournant?
Ce lundi à New York, Linda Thomas-Greenfield, ambassadrice et représentante des Etats-Unis à l'ONU, s'abstient de voter la résolution exigeant un cessez-le-feu immédiat à Gaza pendant la durée du ramadan. KEYSTONE
Israël-Palestine 

Un tournant au Proche-Orient? Lundi, le Conseil de sécurité des Nations unies a voté une résolution exigeant un cessez-le-feu immédiat pendant la durée du ramadan. Lequel s’achève dans deux semaines.

Le texte, proposé par les pays non permanents du Conseil de sécurité – dont la Suisse – a été adopté par quatorze voix pour et une abstention, celle des Etats-Unis. Ces derniers ont donc renoncé à faire usage de leur droit de veto. Un attentisme qui en dit long. Un vent de panique souffle en effet dans les rangs démocrates: la position dogmatiquement pro-israélienne de l’administration Biden menace désormais la réélection du président sortant. Il devenait urgent de lâcher du lest.

Et plus largement, le vent a tourné. Depuis la sidération engendrée par les attaques meurtrières du 7 octobre et l’élan pro-israélien qu’elles ont pu susciter dans l’opinion publique occidentale, la réaction israélienne – on en est à 32’000 morts, principalement des civil·es, femmes et enfants – a provoqué un écœurement. La réalité d’une occupation néo-coloniale, de la poursuite d’une politique d’expansion et de l’agenda suprémaciste du gouvernement Netanyahou est devenue criante. L’arrêt de la Cour internationale de justice évoquant «un risque plausible de génocide» à Gaza a sonné le glas d’une propagande d’Etat insuffisamment questionnée.

Tout l’enjeu est maintenant de voir si la résolution sera suivie d’effets et si, comme l’exige le texte voté lundi, cette cessation des hostilités fera place à un cessez-le-feu «durable». Pour l’heure, le ton est vindicatif du côté du gouvernement de l’Etat hébreu. Mais ce dernier est dépendant des pays occidentaux et particulièrement des Etats-Unis en matière d’armement. La Suisse devrait d’ailleurs suspendre toute collaboration militaire avec Israël.

Désormais, trois priorités s’imposent pour que la résolution onusienne soit respectée. Premièrement, la libération des otages. Si possible dans le cadre d’un échange avec des prisonniers palestiniens, eux aussi victimes de pratiques contraires aux normes du droit fondamental. Deuxièmement, garantir l’accès des convois humanitaires à la bande de Gaza. Enfin, rétablir l’aide à l’UNRWA que la Suisse a gelée sans trop s’interroger sur le bien-fondé et les finalités des accusations israéliennes.

Opinions Édito Philippe Bach Israël-Palestine  Proche-Orient

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