BNS? Peut mieux faire
La Banque nationale suisse (BNS) se fait peu à peu rattraper par la question climatique. Son dernier rapport annuel publié mardi est en effet flanqué d’une annexe, un rapport dit de «durabilité». Oh, la démarche est un peu contrainte et forcée: la Confédération, pour faire pendant à l’initiative pour des entreprises responsables, a édicté des nouvelles obligations d’information pour les entreprises publiques.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la BNS y est allée à reculons. Le gros du rapport examinant sa durabilité concerne en fait ses émissions directes, celles émises par ses bureaux et ses employé·es. Avec un plan visant à la neutralité carbone en 2050. En clair, la banque centrale suisse s’engage à respecter la loi, ce qui est tout de même la moindre des choses.
Les événements se gâtent en revanche lorsqu’elle aborde la question des émissions de gaz à effet de serre générées par ses investissements. Rappelons que, selon une étude commandée en 2016 par les Artisans de la transition, les investissements de l’établissement national dans des industries polluantes doublent l’empreinte carbone de la Suisse. Selon ce rapport, la Suisse passerait de la sorte du 70e rang en matière d’émissions de gaz à effet de serre… au 7e!
Bref, il y a encore du chemin à faire. Car la partie consacrée aux émissions indirectes est pour le moins lacunaire. Le rapport présenté mardi a été analysé par l’Alliance climatique. Selon cette dernière, les émissions de CO2 générées par les investissements de la BNS sont sous-estimées d’un facteur trois ou quatre!
Les optimistes diront que le mécanisme est enclenché, la BNS devra peu à peu se plier à ces règles relevant de l’élémentaire bon sens. Elle se réfugie benoîtement derrière l’argument disant que son rôle est de garantir la stabilité monétaire. Le problème étant qu’en cas d’emballement climatique, il n’y aura tout simplement plus de monnaie. Et, cela, semble encore hors de portée de l’entendement de l’établissement bancaire.