Édito

Durcissement opportuniste

Durcissement opportuniste
Manifestation contre la collaboration de la Suisse avec le gouvernement érythréen en novembre dernier à Berne. KEYSTONE
Asile

Enième tour de vis de la Suisse sur l’asile. Plus particulièrement à l’égard des Erythréen·nes. Mercredi, le Conseil des Etats a voté une motion qui doit encore être entérinée par le National. Elle donnerait le feu vert à la Suisse pour trouver un pays disposé à conclure un accord de transit, afin de renvoyer des requérant·es dont l’Erythrée refuse la réadmission sur son sol.

Pourquoi cet acharnement sur une communauté? Les ressortissant·es érythréen·nes débouté·es ne seraient pas plus de 300, mais leur cas concentre toute l’attention en raison des tensions qui agitent cette diaspora entre partisans du régime actuel et opposants. Un affrontement a été évité le mois dernier à Villars-sur-Glâne (Fribourg), au prix d’un important déploiement policier.

S’inquiéter de tels débordements est légitime, en profiter pour relancer l’externalisation hors d’Europe de la prise en charge des requérant·es débouté·es ne l’est pas. L’opportunisme du PLR – l’UDC lui ayant emboîté le pas avec gourmandise, hier, à la chambre haute – témoigne de l’empressement de la droite à surenchérir sur le durcissement de l’asile, généralement porté par le parti blochérien. En profitant de l’arrivée toute récente du socialiste Beat Jans à la tête du département chargé de l’asile.

La manœuvre n’est pas très noble. Elle n’apporte aucune solution à un problème auquel le code pénal suffit à répondre (les infractions de droit commun). Elle criminalise en revanche une population déjà fragilisée, fuyant un pays, l’Erythrée, où le recrutement forcé dans l’armée et la détention arbitraire sont la règle. Miser sur l’intégration est plus pertinent, mais cela n’entre pas dans le plan com’ de la droite dure.

Opinions Édito Roderic Mounir Asile Erythrée

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