Très cher, merci pour ta proposition, elle est de bonne guerre. Quand partout les feux s’allument autant profiter de la chaleur pour réchauffer nos corps et faire ce que nous faisions si bien: célébrer la vie, avoir ensemble du sexe joyeux. J’avoue que c’est aussi tentant qu’audacieux. Ma réponse ne va pas te plaire, mais elle ne t’étonnera pas. Elle est pour moi la plus juste et la plus honnête.

Je ne veux plus avoir du sexe avec les hommes tant qu’il nous faut partager ce monde saturé de violences envers les femmes. J’en ai la nausée.

Tant que la majorité des plaintes pour viol resteront impunies.

Tant qu’une femme sur six sera humiliée, frappée par son partenaire, parfois jusqu’à la mort.

Tant que les femmes et minorités de genre représenteront la majorité des personnes pauvres et précaires.

Tant que le rabaissement des femmes suintera de tous les pores de nos sociétés.

Tant que le viol des plus vulnérables sera l’arme préférée du pouvoir.

Tant que les hommes aux commandes se protégeront les uns les autres.

Tant que la définition même du pouvoir demeurera l’écrasement des autres.

Le sexe n’a rien d’une distraction n’est-ce pas? J’ai toujours aimé que tu comprennes si bien mon attirance pour les êtres, hommes ou femmes, sans limite de genre, et ce depuis toujours.

Rester du côté des femmes

Alors aujourd’hui je décide de rester du côté des femmes: faire l’amour avec elles est un chant puissant et inespéré. Cela donne des fruits comme ceux d’un jardin qui chaque printemps devient plus luxuriant. Et je me sens en sécurité.

Ne le prends pas comme une trahison, j’y verrais de la mauvaise foi. J’en souris presque.

N’essaie pas non plus de me piéger en me trouvant trop binaire, tu sais bien de quels hommes je parle.

Non, je te propose plutôt qu’on se donne rendez-vous dans le futur (ça prendra le temps qu’il faut), un rendez-vous dans un monde sans cette violence-là et où il fera bon s’aimer. Et c’est promis, toi et moi, on baisera outre-tombe. Avec tendresse, ta chère amie.