Édito

Fin de règne

Fin de règne
Les Etasuniens vont avoir le choix entre un président sortant, âgé de 81 ans, qui sucre les fraises et peine à terminer une phrase, et un challenger en roue libre, misogyne, complotiste, allié à des mouvements fascistes, et putschiste. KEYSTONE
États-Unis

Ce mardi a eu lieu le Super Tuesday qui marque traditionnellement un tournant dans les campagnes électorales étasuniennes. Lors de ce rendez-vous, un gros tiers des grands électeurs et grandes électrices sera choisi dans les camps démocrate et républicain. Mais, cette année, les jeux semblent faits. Chez les démocrates, Joe Biden ne fait face à aucune contestation sérieuse. Et Donald Trump a écrasé toute concurrence chez les républicains.

Les Etasuniens vont avoir le choix entre un président sortant, âgé de 81 ans, qui sucre les fraises et peine à terminer une phrase, et un challenger en roue libre, misogyne, complotiste, allié à des mouvements fascistes, et putschiste.

Tout cela donne une impression de crise, de dérèglement démocratique. Il y a notamment panique à bord chez les démocrates qui se rendent compte – un peu tard – que leur soutien inconditionnel aux agissements d’Israël leur aliène une partie non négligeable de leur base électorale.

Pas très exaltant. Et le reflet d’institutions par trop figées, incapables d’évoluer et de prendre en compte la reconfiguration du monde. Le cas n’est pas réservé aux Etats-Unis. En France, la prise de pouvoir d’un Emmanuel Macron tient davantage de la flibuste – les majorités traditionnelles étaient en miettes, il n’y avait plus qu’à se baisser pour ramasser la couronne – que d’un programme porteur d’avenir.

Et cette situation est sans doute aussi due à une fin de cycle idéologique: le néolibéralisme qui a mené la danse depuis le tournant des années 1980 est arrivé dans une impasse. Son bras armé, l’Organisation mondiale du commerce, est paralysé. La social-démocratie, qui s’était ralliée à la relance par l’offre – baisser les impôts pour créer de l’emploi, comme le proposait benoîtement l’ex-président français François Hollande –, participe de cet effondrement.

Tout est à reconstruire, à réinventer. C’est sans doute un bien. Mais en attendant, ce dérèglement est aussi source de graves dangers.

Opinions Édito Philippe Bach États-Unis

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