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«Les retraités partis à l’étranger ont aussi droit à une 13e rente»

Le conseiller national vert Nicolas Walder vient contrer l’argument des «rentes de luxe» des retraité·es sorti·es de Suisse, avancé par l’UDC dans le cadre de la campagne sur la 13e rente AVS.
Votation

Comment diviser la population et opposer les générations en vue d’une votation? L’UDC nous a souvent servi sa recette par le passé. Mais face à son propre électorat qui reste largement favorable à l’initiative populaire pour une 13e rente AVS sur laquelle nous voterons le 3 mars, elle n’hésite pas à redoubler de cynisme en s’en prenant cette fois aux retraité·es vivant à l’étranger.

L’UDC déplore en effet dans sa diatribe contre l’initiative des syndicats que plusieurs milliards de francs serviront à financer ce qu’ils osent appeler des «rentes de luxe» versées à l’étranger, alors même que ces aîné·es ne participeraient pas à la richesse du pays. Quel manque de respect pour des personnes qui, après avoir contribué toute leur vie à la prospérité économique de notre pays, ont décidé de passer tout ou partie de leur retraite à l’étranger! Quel cynisme, sachant que cet exil est souvent justement lié à la faiblesse des rentes AVS. Celles-là même que l’UDC et les partis bourgeois n’ont jamais voulu adapter à la hausse. Comment en effet vivre dignement en Suisse avec, en moyenne, une rente à 1800 francs par mois?

Quel manque de reconnaissance aussi pour nos Suisses vivant à l’étranger qui participent pleinement au rayonnement de notre pays. De nos valeurs, mais aussi de notre économie qui est, rappelons-le, principalement tournée vers l’exportation.

Enfin, de tels arguments sont fallacieux. D’abord parce que l’AVS est une assurance sociale et que nos aîné·es peuvent dépenser leurs rentes comme bon leur semble, sans lien avec les recettes fiscales. Certains font le choix de les dépenser en vacances à l’étranger. D’autres, comme Christoph Blocher, d’acquérir une énième œuvre de Ferdinand Hodler ou d’Albert Anker. De même pour les loisirs de nos retraités du Conseil fédéral, eux aussi rentiers, Pascal Couchepin, Joseph Deiss, Johann Schneider-Ammann ou Adolf Ogi. Il ne nous appartient pas de juger de leurs choix, bien que la décence eût peut-être commandé davantage de retenue de leur part dans la campagne lorsque l’on connaît le montant de leur rente – qui plus est revue à la hausse.

Ensuite parce que les bénéficiaires de l’AVS vivant à l’étranger, avec souvent des retraites modestes, font économiser plusieurs milliards de francs annuellement à la Confédération, aux cantons et aux communes en prestations complémentaires auxquelles ils et elles n’ont pas droit.

Ces mêmes retraité·es n’utilisent ni les services de santé (hôpitaux, soins à domicile, etc.), ni les nombreuses prestations destinées aux ainé·es et subventionnées par nos cantons, communes et autres institutions. De plus, en libérant un logement en Suisse – de gré ou parce qu’ils et elles n’ont plus les moyens d’habiter ici –, ils et elles peuvent même contribuer à leur échelle à une détente du marché immobilier dans notre pays. Enfin, il faut encore relever qu’en plus de leurs rôles d’«ambassadeurs» à l’étranger, ces aîné·es accueillent souvent leurs familles durant les vacances scolaires, déchargeant ainsi les parents, tout en offrant des vacances dépaysantes à moindre prix.

Autre raison qui impose de penser à tous les retraités et toutes les retraitées sans exclusion: l’inflation. Elle est un argument objectif de poids pour soutenir une 13e rente mensuelle de l’AVS qui compenserait en partie la hausse du coût de la vie devenue insupportable pour des centaines de milliers de seniors – selon Pro Senectute, 300 000 sont au seuil de la pauvreté ou en dessous en Suisse. Or, là encore, les aîné·es à l’étranger sont pénalisé·es puisque le taux d’inflation est de plusieurs dixièmes de point supérieur hors de nos frontières.

Non, mesdames et messieurs de l’UDC, les 789 000 retraité·es vivant à l’étranger ne méritent pas d’être dénigré·es de la sorte. Et si vous êtes vraiment sérieux quant à réduire le nombre d’aîné·es obligés de s’expatrier, alors votez «oui» le 3 mars pour la 13e rente afin que toutes et tous puissent vivre dignement en Suisse à leur retraite.

* Conseiller national Les Vert·es/GE, membre du Conseil des Suisses de l’étranger.

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