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Forcément

Philippe Geissbühler dénonce l’attitude du gouvernement suisse face à la situation critique dans laquelle se trouve l’UNRWA.
Gaza

La bande de Gaza. Des mortes et des morts par dizaines de milliers, des blessés par dizaines de milliers, des disparitions sans nombre. Il y a forcément en ce moment coincée sous les décombres d’un bombardement une fillette de 5 ans qui ne pourra pas être secourue, qui mourra de soif dans le noir, dans ses selles, ses urines et ses escarres, d’ici deux à trois jours, peut-être un peu plus si elle n’est pas blessée, déjà enterrée vive. Elle importe peu au gouvernement de M. Netanyahou, qui la considère comme un animal, déshumanisée au rang de déchet carné. 

Mais que fait le nôtre, de gouvernement? Il temporise et ne veut plus accorder les crédits à l’UNRWA, cette organisation des Nations unies d’envergure qui est à même d’apporter efficacement de l’aide aux civils gazaouis sous les bombes. Ses effectifs sont de 13’000 membres.

Les services secrets israéliens accusent une douzaine d’employés de l’UNRWA d’avoir pris part à l’assaut du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, et cette sur cette base que l’aide est suspendue.

Douze mille neuf cent quatre-vingts moutons blancs, douze moutons noirs, pour reprendre l’imagerie de notre premier parti national. Quoique pour l’UDC, ces moutons blancs ne sauraient l’être puisqu’ils sont arabes, avec leurs minarets, leurs femmes voilées et leurs délinquants basanés à expulser, alors gardons nos sous et défendons nos vraies valeurs, la lutte au caleçon et la mère patrie. La mère de la fillette, morte écrasée avant-hier, tout près, se décompose et la fillette le sent.

C’est à l’instigation de l’UDC que l’on doit la suppression le 21 décembre de la moitié des 20 millions des crédits initialement prévus pour l’aide humanitaire en général et l’UNRWA en particulier, le reste pouvant être délivré en petites tranches au bon vouloir du Conseil fédéral, après une longue, minutieuse et surtout très lente enquête sur l’emploi de ces fonds, suivie obligatoirement par une consultation des commissions de politique étrangère. Une solution toute helvétique pour ne rien faire et ne fâcher personne tout en prétendant vouloir agir et se donner bonne conscience. Est-ce qu’au moins une partie de ces fonds a été versée à l’UNRWA depuis décembre dernier? Non.

Si l’histoire survit aux fake news et à la vérité alternative, elle jugera sévèrement l’attitude de notre gouvernement. Elle fait écho en moi au sinistre «la barque est pleine», formulée le 30 août 1942 par le ministre de la Justice d’alors, M. Eduard von Steiger, pour justifier le refoulement des juifs à la frontière, probablement 25’000 personnes privées d’aide et de secours, en pleine Shoah.

Philippe Geissbühler,
Réclère (JU)

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