Nous avons besoin d’une AVS plus forte
Si nous nous penchons brièvement sur l’histoire de la sécurité sociale suisse, nous pouvons constater que les dernières décennies et les dernières «avancées», si nous pouvons les appeler ainsi, sont ce qu’on peut communément appeler des assurances sociales privées. Je fais référence au deuxième pilier entré en vigueur en 1985 et à l’assurance maladie entrée en vigueur en 1996.
Ces deux assurances ont passé la barre de nos chambres fédérales avec un compromis bien helvétique: la gestion (et les bénéfices) de ces assurances sociales serait donnée à des assureurs privés. En assurant au passage une opacité presque totale dans cette gestion, de juteux bénéfices pour les compagnies d’assurance et une quantité d’argent non négligeable à disposition pour investir, boursicoter, etc. Les compagnies d’assurance et les caisses de pension sont les plus grands propriétaires fonciers de notre pays et n’hésitent pas une seconde à augmenter les loyers, dès qu’un relèvement du taux hypothécaire le leur permet. Cela au détriment des locataires et afin d’accroître leurs marges de bénéfices déjà énormes.
Le 3 mars, nous allons voter pour l’introduction d’une treizième rente AVS pour l’ensemble des retraités de notre pays. L’AVS reste, avec l’AI, la seule vrai assurance sociale qui existe dans notre beau pays: elle est solidaire et universelle et ne tient compte ni de votre fortune, ni de votre pauvreté. Et pour le coup, voilà que toutes les élites financières s’affolent, les patrons (augmentation du coût du travail), les assurances privées (on renforce le service public) et les banques, car l’USS prévoit avec son initiative une baisse des réserves de l’AVS (moins d’argent pour jouer à la bourse).
Nos élites sont tellement affolées qu’elles sont allées jusqu’à ressusciter cinq anciens conseillers fédéraux (qui ont de belles retraites, eux!), afin de mener campagne contre l’initiative de la faîtière syndicale, comme s’ils avaient une crédibilité quelconque.
Il est important que nous ne cédions pas à cette peur largement propagée par ceux qui n’ont pas vraiment besoin de cette rente AVS. Il faut que nous osions dire haut et fort, le 3 mars, que les intérêts de la population en général ne sont pas ceux de nos élites financières. Que ce dont nous avons besoin, c’est d’une AVS forte permettant à nos retraités de vivre dignement. Arrêtons la démagogie! La Suisse a largement les moyens de mettre 4 milliards par année pour nos retraités sans que ni l’AVS, ni les assurances, ni les patrons, ni les banques ne fassent faillite.
Mauro Bento,
Carouge (GE)