Une initiative problématique au regard des droits fondamentaux. Plusieurs associations – Amnesty, Greenpeace, les Juristes démocrates, Opération Libero – sont sorties du bois mardi pour dénoncer une initiative cantonale dite «Anticasseurs» sur laquelle les Zurichois·es se prononceront le 3 mars.

Un texte lancé par l’UDC et soutenu par le bloc bourgeois qui soumet toute manifestation sur la voie publique à autorisation et qui exige de faire payer aux militant·es les frais occasionnés par le rassemblement. Deux mesures contraires au droit supérieur – la Constitution suisse et la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme –, estiment ces organisations.

On saisit assez facilement les abus potentiels engendrés par ce texte (et par le contre-projet, à peine moins liberticide proposé par le canton). Le moindre tractage ou piquet devant le Grand Conseil risque d’être assimilé à une manifestation non autorisée et de se retrouver potentiellement amendé. Excessif? Pas tellement, ce type d’abus a déjà frappé divers syndicats qui ont dû saisir la justice pour faire valoir leur bon droit.

Deuxième aspect liberticide: la répercussion d’éventuels coûts sur les manifestant·es a un effet évidemment dissuasif sur l’exercice d’un droit reconnu comme fondamental. Les militant·es de Renovate qui ont collé leur main au bitume sur le pont du Mont-Blanc auraient coûté 21’500 francs aux Transports publics genevois qui ont vu leurs courses retardées. Un calcul purement comptable, lié au contrat de prestations.

Mais un chiffrage discutable. Si les jeunes activistes du climat sont frappé·es de la sorte au porte-monnaie – qui est généralement vide –, c’est bien tout un mouvement social qui sera entravé alors que, sans lui, la question climatique, pourtant si urgente, serait restée lettre morte, voire continuerait d’être niée, comme c’est le cas dans les rangs des initiant·es udécistes.